Pr MAURICE Kacou GUIKAHUÉ était le week end dernier à Oumé où il a réitéré des accusations de gratuité dans l’enrôlement pour la carte nationale d’identité (CNI), « au nord », sans aucune précision de localité. Il s’est par ailleurs justifié sur son doigt accusateur pointé sur le financement supposé de la Banque Mondiale, en vue de la gratuité de la carte nationale d’identité.
«Concernant le financement de la Banque mondiale, je n’ai pas dit que quelqu’un a détourné de l’argent, j’ai dit simplement que la Côte d’ivoire a reçu de l’argent pour l’identification comme certains pays de l’Afrique de l’ouest, le Sénégal a bénéficié de ce financement entre 2016 et 2018 mais là-bas les sénégalais ont bénéficié de la gratuité de leur CNI. C’est le même cas au Ghana. Alors pourquoi en Côte d’Ivoire, on ne ferait pas la même chose ? » s’est interrogé Maurice Kacou Guikahué.
Et d’enfoncer le clou en expliquant que « Le prix du kilogramme de cacao en réalité est de 1200 FCFA, mais à cause du droit unique de sortie du port (D.U.S) une taxe qu’on prélève sur la vente du cacao pour alimenter le budget et c’est ce budget qu’on prend pour payer les salaires des fonctionnaires, des ministres etc. »
« C’est pourquoi j’ai dit que les ministres actuellement qui se promènent avec l’argent pour faire les cartes d’identité de leurs parents au nord là cela me fait mal parce que c’est le DUS qu’on prend pour payer leurs salaires et eux vont donner la carte d’identité gratuite à leurs parents. Et ils laissent vous qui avez produit le cacao-là, qui vous donne pour vous ? Voici le combat que je suis en train de mener » fait-il savoir.
Pour le Secrétaire Exécutif du parti de Bédié, « Donc si on fait 4 cartes d’identité au nord il faudrait qu’on en fasse aussi dans les zones où on produit le café et le cacao. Si on paye 5000 FCFA tout le monde doit payer 5000 FCFA, on ne peut pas payer pour certains et laisser les autres» dénonce Pr Maurice Kacou Guikahué.
A sa suite, Yves Le Baron, un activiste de l’opposition plante le décor et pose l’équation que tente d’éviter le Secrétaire Exécutif du PDCI-RDA.
« La Côte d’Ivoire compte 5 grandes régions: l’Est, l’Ouest, le Nord, le Centre, le Sud. Mais pourquoi il n’y a qu’une seule d’entre elles, le nord, à travers le RDR, qui fait chier les 4 autres? » clarifie-t-il sa posture politique qui ne masque pas sa haine contre cette région et ses ressortissants.
Pour une source jointe à Tengrela, « la députée est venue payer pour 200 personnes, cela fait 1 million FCFA. Il n’y a aucun mal à cela, tout le monde n’a pas l’argent » fait-elle savoir.
A Korhogo, un paysan se plaint. « Si je dois faire les cartes d’identité des gens qui sont chez moi, cela va me coûter 50.000 FCFA, je n’ai pas cet argent donc on demande au gouvernement de venir nous aider à avoir » plaide-t-il.
En pointant, une fois de plus un doigt accusateur sur le Nord, déjà accusé de tous les maux de la Côte d’Ivoire, Maurice Kacou Guikahué livre cette région et sa population à la vindicte des autres ivoiriens. Surtout ceux qui ont décidé de voir cette région comme une partie de « rebelles » non ivoiriens.
Pour le Secrétaire Exécutif du PDCI qui se revendique « homme de terrain », il aurait pu préciser la localité dans laquelle il y a cette gratuité de la CNI. Se battre en vain pour la gratuité de la carte nationale d’identité après avoir dénoncé à juste titre l’insuffisance de sites d’enrôlement, avec des solutions annoncées pour ce jour, 6 mars, puis un grand déploiement le 15 mars, peut se faire avec d’autres arguments.
C’est à croire que c’est en 2020 que l’ancien ministre de la Santé publique a appris que c’est la manne cacaoyère sert à la construction de la Côte d’Ivoire. A juste titre, et pour des objectifs propagandistes, il porte un masque pour regarder le Nord pour ne pas voir le coton, la noix de cajou, qui génère aujourd’hui des devises à l’Etat.
Koné Issa, délégué PDCI Ferké, joint par 7info, présente le tableau du déroulement de l’enrôlement dans la région du Tchologo.
« En tant que citoyen d’abord, c’est la première fois que je vis une situation comme celle-là. En tant que responsable politique, je n’ai pas manifesté le désir parce que compte tenu de la situation de notre région, la pauvreté a atteint un seuil tel que le paysan n’a pas encore la tête à cette opération. C’est à lui qu’on demande son timbre par voie d’internet, avouons que c’est la première fois de mémoire de citoyen que je vis cela » dénonce-t-il.
« Ma petite intelligence ne me permet pas de comprendre ce qu’il y a derrière cet enjeu » fait-il savoir.
Koné Issa soutient que « La mobilisation de la population est très faible. Les cadres de nos amis d’en face font le tour des chapelles pour mobiliser et recenser. Nous on observe. Nous on n’a pas le pouvoir, on n’a donc pas ces moyens pour faire comme eux, on observe pour voir ce à quoi cela va aboutir. Mes militants sont préoccupés par d’autres choses. Pour le moment je n’ai pas encore émis l’idée d’avoir une carte d’identité quand bien même nous avons eu des rencontres pour dire qu’au-delà des élections, au-delà du politique, la carte d’identité c’est pour ton quotidien. Mais, on s’est dit, on reste dans notre coin et on observe. »
Adam’s Régis SOUAGA
7info.ci