Culture

Le producteur Harvey Weinstein tourne un nouveau film face à la justice

Mis à jour le 6 janvier 2020
Publié le 06/01/2020 à 3:23 , , , ,

Le scandale a fait surface pour la première fois en octobre 2017 suite aux révélations du New York Times. Il a ensuite été relayé sur les réseaux sociaux à travers les mouvements féministes #Metoo ou #BalanceTonPorc, visant à dénoncer les auteurs d’harcèlements et d’agressions sexuels. Accusé par près de 84 femmes, dont de célèbres actrices américaines comme Gwyneth Paltrow, Courtney Love ou encore Rose McGowan, le procès pénal d’Harvey Weinstein, magnat quasi intouchable du cinéma hollywoodien, s’ouvre ce lundi 6 janvier à Manhattan.

Actrices, mannequins ou collaboratrices, elles sont près d’une centaine de femmes à avoir dénoncé le comportement de prédateur sexuel, Harvey Weinstein. Les premières accusations sont apparues à la fin des années 1990 et ont rapidement été balayées par les équipes du richissime producteur américain à coup d’accords…ou de billets de dollars. Mais elles se sont cumulées au fil des années et ont fini par refaire surface fin 2017. « L’affaire Weinstein » connaît alors un effet boule de neige, entraînant le licenciement du magnat du cinéma hollywoodien de la Weinstein Company et son exclusion de l’Academy of Motion Picture Art and Sciences. L’ampleur est telle qu’Outre-Atlantique, en Europe, en Asie ou encore en Amérique latine, de nombreuses personnalités publiques des médias, de la politique et du spectacle sont éclaboussées. Plus largement, l’affaire suscite un profond débat sur les violences faites aux femmes et leurs occultations.

Plus de deux ans plus tard, Harvey Weinstein va donc devoir affronter la justice. La Vice-procureure de New York Joan Illuzzi-Orbon, à la conduite de l’accusation sera confrontée à une difficulté majeure : démontrer « l’existence pénale » du « système Weinstein ». Certes le nombre de victimes présumées est considérable, mais la majeure partie des faits s’étant déroulés dans les années 90, il y a prescription et ils ont pour la plupart été classés sans suite. Seuls deux cas de plaignantes et un témoignage seront examinés devant le tribunal, dont celui de l’actrice Annabella Sciorra. En théorie, ces cas devraient être suffisants pour établir le comportement prédateur d’Harvey Weinstein. Mais ce dernier n’a pas dit son dernier mot. Le 11 juillet dernier, l’on apprenait que l’ex-magnat du cinéma hollywoodien avait switché son équipe de défense pour sortir l’artillerie lourde : Donna Rotunno, jeune avocate plantureuse de 42 ans, surnommée « le Bouledogue » par ses pairs de Chicago et spécialisée depuis 15 ans dans la défense des hommes accusés d’agressions sexuelles. Fin coup de Weinstein qui compte sûrement sur sa nouvelle recrue pour mener des contre-interrogatoires plus musclés que ne peuvent se permettre ses confrères.

Bien qu’il nie en bloc les faits reprochés et assure que les relations sexuelles étaient consenties, Harvey Weinstein risque tout de même la réclusion à perpétuité. Nul doute que le procès Weinstein sera suivi avec autant de ferveur que l’affaire Dominique Strauss-Khan. Ou encore de son homologue français, le réalisateur Roman Polanski, accusé depuis des années de viol et relations sexuelles illégales avec une mineure ; et pour l’heure, toujours hors d’atteinte des griffes de la justice américaine.

Manuela Pokossy-Coulibaly

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