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Le sort de François Compaoré dans le canal administratif pour encore longtemps

Mis à jour le 5 juin 2019
Publié le 05/06/2019 à 7:34 , , ,

François Compaoré sera-t-il extradé vers son pays, le Burkina-Faso ? C’est la question que se posent les observateurs de la scène politique burkinabè suite au rejet par la cour de cassation française du pourvoi formé par le frère cadet de Blaise Compaoré (ancien chef de l’Etat) contre son extradition.

L’exil français de François Compaoré est à nouveau perturbé par l’arrêt de la Cour de cassation française qui a validé la demande d’extradition formulée par les autorités burkinabè. Les autorités burkinabè ont lancé un mandat d’arrêt international contre le frère cadet de l’ancien président du Faso, Blaise Compaoré, lui-même en exil en Côte d’Ivoire depuis sa chute du pouvoir suite à une insurrection populaire en octobre 2017.

La justice de son pays  veut l’entendre dans l’affaire de l’assassinat du célèbre journaliste d’investigation Norbert Zongo, tué le 13 décembre 1998, alors qu’il enquêtait sur la mort mystérieuse de David Ouédraogo, chauffeur de François Compaoré. Le mardi 4 juin 2019 la cour de cassation a rendu public un arrêt confirmant l’arrêt de la chambre d’instruction de la Cour d’Appel de Paris qui avait émis depuis le 5 décembre 2018 un avis favorable à la demande d’extradition de François Compaoré.

Selon le juriste-politologue Geoffroy-Julien Kouao, cette décision n’est pas une surprise dans la mesure où la peine de mort qui pouvait servir d’alibi à la défense de François Compaoré pour éviter son extradition a été abolie en 2018.

«Je ne suis pas surpris par l’arrêt de la haute juridiction française. D’abord, parce que le principal obstacle pour la France est de s’assurer que la personne extradée ne risque pas la peine de mort or, la peine de mort a été abolie en 2018 au Burkina Faso. Ensuite, la France est attachée à la liberté de la presse, et justement, il est reproché à M. François Compaoré la mort du journaliste Norbert Zongo. Cependant, l’extradition a aussi un volet administratif. Il faut maintenant un décret de confirmation de la décision judiciaire. La balle est dans le camp du Premier Ministre Edouard Philippe qui, en France, est le détenteur du pouvoir réglementaire. Sa décision est susceptible de renvoi devant le Conseil d’Etat français. Autrement dit, l’arrivée de M. François Compaoré au pays des hommes intègres n’est pas pour les prochains jours. Mais  l’arrêt de la Cour de cassation est déjà une victoire pour l’Etat burkinabé et les défenseurs des droits humains », commente-il pour 7info.ci qui l’a joint.

En clair l’extradition de François Compaoré ne se fera pas dans les prochains jours.

Quant à Me François-Henri Briard, avocat de François Compaoré, il affirme détenir encore des cartes pour empêcher que la justice française livre son client aux autorités burkinabè. « Nous avons perdu une bataille mais pas la guerre. L’extradition nécessite un décret signé par le Premier ministre. S’il est signé, nous l’attaquerons et souhaitons obtenir son annulation devant le Conseil d’Etat », a-t-il confié à un confrère.

 Crainte légitime de déni de justice?

Si la justice burkinabé obtient l’extradition de François Compaoré, elle aura à relever le défi de l’équité du procès qui l’attend. Palé Dimaté, spécialiste des questions internationales, s’il est vrai que « généralement en Afrique la justice est aux ordres du pouvoir », le cas du Burkina Faso est exceptionnel. « Ce qu’on peut dire, le burkinabé est fier. Et il y a un minimum de justice et d’équité dans les actes que la justice de ce pays pose. François Compaoré en cas d’extradition peut faire l’objet d’un jugement équitable. »

Notons que le petit-frère de Blaise Compaoré avait été arrêté une première fois le 29 octobre 2017 à l’aéroport Roissy Charles-de-Gaule et placé sous contrôle judiciaire.

Arnaud Houssou

 7info.ci

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