Nos prières ont porté. Il a plu drue sur Abidjan et Bouaké dans la nuit de lundi à mardi. Si à Bouaké, on jubile car il y a un déficit en eau potable dans le barrage de la Loka qui pourvoit depuis des décennies Bouaké en eau, à Abidjan, la pluie a semé la désolation. Il y a 15 morts pour plus de 110 personnes secourues. Les dégâts matériels sont pour l’heure non chiffrés. On tente encore de sauver ce qui peut l’être, les pieds dans les eaux.
A qui la faute ? Dans le flot des larmes, il sera recommandé de finir le deuil avant d’épiloguer et quelques semaines plus tard, oublier et reprendre notre train de vie, comme si de rien n’aura été. Cette pluie drue qui s’est déversée sur Abidjan apparaît comme les larmes de Dieu face à notre intolérance politique, notre narcissisme, notre arrogance, ce nombrilisme qui cristallise et bloque à la limite le souffle des Ivoiriens. Oui ou non veux-tu du parti unifié ? Cette question, banale tient le thermomètre du pays à un degré élevé. C’est dire que la volonté du PDCI-RDA de revenir aux affaires, sans coup férir et par un jeu de passe (facile) de son allié comme si on était dans un royaume et non une République, ne plait pas à Dieu. Il est venu se rappeler à nos esprits corrompus, à la méchanceté de nos frères du Ministère de la Construction, du Logement, de l’Assainissement et de l’Urbanisme. Depuis des années, les fonctionnaires et « gnambros » de ce ministère, qui créent le plus de contentieux dans les tribunaux ivoiriens, ont contribué par le faux à l’anarchie destructrice. Des permis de construire délivrés sans avoir mis les pieds sur les sites si les documents ne sont pas à la limite falsifiés. L’affaire de l’école Paul Langevin n’est qu’un bout sans oublier l’institut mis en place par l’association des parents d’enfants handicapés psychiques de Vridi cité, détruit par un sinistre individu avec l’aide d’acolytes dont un tapis au ministère de la Construction et dans d’autres ministères. En fin de compte, le site vendu pour 100 millions FCFA à un riche opérateur économique d’origine libanaise.
L’Etat a laissé faire et nos compatriotes qui voulaient tant construire dans ces quartiers luxueux, signe d’opulence financière et de réussite sociale, ont cru aussi défier Dieu.
Par la corruption, des ivoiriens ont obtenu des permis de construire sur des voies d’eau, des terrains non habitables, tracés depuis le temps d’Houphouët-Boigny. Les programmes poussent devant tout le monde mais sans qu’une petite voix ne s’élève.
On dira yako mais à qui la faute ? Tant que tout allait bien, on s’enorgueillissait à la limite du pouvoir conféré par le dieu argent. Et voici que Dieu se rappelle à notre conscience humaine. Un de ses éléments s’est déchaîné et bonjour les dégâts.
Tout le monde est ainsi coupable ! Tous ! Les structures de lutte contre la corruption dont des hauts responsables habitent la Riviera ont vu mais n’ont rien dit et fait, le petit fonctionnaire qui affectionne le dessous de table à la Tour D, siège du ministère de la Construction, aux animateurs des antennes de ce ministère, le LBTP, tous sont coupables !
A l’exception des messages de sensibilisation, qu’a-t-on posé comme acte d’envergure pour sauver cette petite vie, cette fillette partie sans le savoir ? Oui, il s’en serait trouvé des éternels vuvuzelas, petits politiciens des réseaux sociaux pour crier à l’arbitraire. Mais, on a préféré casser à Abobo, yopougon, Attécoubé mais pas à Cocody où vivent des inciviques ivoiriens. L’argent a montré ses limites devant Dieu.
Abidjan est-elle en surpopulation ? Est-ce le transfert de la capitale qui résoudra ce problème ? Non, pas évident face à la règle de l’indiscipline érigée en mode de fonctionnement dans ce pays nôtre.
Il est temps de véritablement marquer pour une fois le pas et diligenter une enquête dont les résultats ne seront pas camouflés. Sortir la carte du grand Abidjan, suivre le plan cadastral préétabli par les ingénieurs d’Houphouët-Boigny et voir ce qui n’a pas marché. Des arcanes du ministère de la Construction aux antennes en passant par les citoyens qui ne reculent devant rien, les ivoiriens exigent des têtes. Car il y a bel et bien des individus qui mangeront ce soir avec l’argent de la corruption. Sans remord et compassion pour ces familles endeuillées par leur cupidité. On a tous vu mais on s’est tous tu. Ce n’est pas normal et il faudrait le crier haut et fort jusqu’à ce que, les ivoiriens, dans leur ensemble, changent car ce n’est pas normal. La pluie, dans toutes nos contrées est source de joie car elle facilite les cultures, apaise la chaleur et rafraîchit la nature. Chez nous, elle est devenue source de pleurs et de désolation. Yako à toutes ces familles et que Dieu ne pardonne pas aux coupables.
Adam’s Régis SOUAGA