Baromètre de la société qui rappelle souvent aux uns leurs engagements envers les autres, et invite régulièrement au respect de certaines valeurs dans le souci de maintenir l’équilibre social, l’Eglise s’est invitée dans les récents événements politiques en Côte d’Ivoire. Le 30 décembre dernier, lors de la messe de la paix célébrée dans la soirée en la Cathédrale Jean Paul II du Plateau, le Cardinal Jean Pierre Kutwa s’est prononcé sur l’affaire Soro.
Les vœux de l’Eglise Catholique en faveur de la paix en Côte d’Ivoire ne sont pas passés inaperçus. Même si dans son discours du Nouvel an, diffusé 24 heures plus tard, le Président de la République Alassane Ouattara ne semble avoir entendu le son de la cloche, la recommandation est toujours d’actualité. Le Cardinal Jean-Pierre Kutwa, plus haute autorité de l’Eglise Catholique en Côte d’Ivoire a demandé au Chef de l’Etat ivoirien de militer pour la paix en libérant les pro-Soro.
« A propos de violences qui marquent pour longtemps le corps et l’âme, de même que la mémoire, et loin de moi le désir ou l’envie d’ouvrir les blessures qui peinent à cicatriser, faut-il rappeler que le souvenir de la récente crise électorale de 2010 avec son lot de morts, de blessés, de déplacés, de prisonniers, de biens détruits est encore vif dans le cœur de bien nombre de nos concitoyens qui, je voudrais le parier, donneraient tout afin de connaitre une paix stable et durable, afin de vaquer sereinement à leurs occupations » a-t-il indiqué avant de poursuivre et de donner la position de son institution sur la situation socio-politique dans le pays.
« Il y a donc urgence pour nous aujourd’hui de donner des signes qui vont dans le sens de l’apaisement et du vivre ensemble, au-delà des mots en agissant ensemble pour la création d’un environnement électoral apaisé. Le message du Saint Père est en résumé une invitation à comprendre finalement que la paix est un chemin d’espérance face aux obstacles et aux épreuves. Qu’elle est aussi chemin d’écoute basé sur la mémoire, sur la solidarité et sur la fraternité. La paix que nous recherchons est également chemin de réconciliation dans la communion fraternel. Monsieur le Président de la République, vous qui détenez le pouvoir de la grâce présidentielle au nom de Dieu, je vous supplie de bien vouloir accepter de faire sortir du cachot tous ceux qui ont été arrêtés suite aux derniers événements que connait notre pays. Comme dit le Pape, l’on obtient autant qu’on espère. Je prie Dieu qu’ensemble nous aspirions de toutes nos forces à la paix et Dieu nous l’accordera » a-t-il conclu.
Cette messe célébrée par anticipation en commémoration du 1er janvier de chaque année, décrétée journée de la paix par l’Eglise Catholique, a été suivie jusqu’à la fin par le Président de la République. Selon les indiscrétions, Alassane Ouattara avait déjà enregistré son discours du 31 décembre avant de prendre part à l’homélie. Si tel est le cas, le Chef de l’Etat a encore la possibilité de prêter une oreille attentive à la voix du Seigneur. Dans le cas contraire, la justice des hommes pourra trancher.
Eric Coulibaly
7info