L’ouest montagneux est secoué par une histoire de disparition de sexe depuis la fin du mois de janvier. Des jeunes, pour la plupart des élèves, s’adonnent à un jeu. Celui de crier au milieu d’une foule que leur sexe a disparu au passage d’un inconnu. Dans la foulée, l’individu accusé est pris à partie et battu à sang ou froidement tué comme ce fut le cas à Bin-Houyé le vendredi 7 février. Face à la gravité montante de la situation autorités administratives et politiques sont montées au créneau pour appeler au calme et la retenue face aux folles rumeurs.
Le vendredi 07 février dernier, une jeune élève de la commune a alerté ses amis sous le prétexte qu’elle a perdu son sexe. Ces amis, sans toutefois vérifier, organisent une battue pour attraper le présumé coupable de cet acte. Entre-temps, des personnes soumettent la jeune fille à une vérification avec le médecin-chef de l’hôpital de Bin-Houyé. Celui-ci confirme la présence du sexe de la jeune fille. Non satisfaits du verdict de la médecine, certains d’entre eux ne baissent pas la garde. Ils tabassent en premier lieu, un jeune du nom de Gonlio, puis relâché parce que n’étant pas l’auteur selon les justiciers.
Poursuivant, leur action, un autre jeune, du nom de Traoré désigné comme ayant touché la fille, est pris dans la tenaille de ces individus fous. Ils le lynchent à mort. Informé, le député de Bin-Houyé, Danin Magloire descend sur le terrain. Sous le contrôle du Chef du Canton Gonlagbé Gabriel, tous les chefs et la communauté sénoufo et Malinké sont réunis pour régler selon la tradition ce problème qui met à mal la cohésion sociale.
« Perdre une vie humaine de cette manière est abominable . Je suis suis sous le choc . C’est une situation qui nous touche du plus profond de nos cœurs. C’est Bin-Houyé qui est en deuil. Nous avons réuni nos chefs pour que ce problème soit réglé en attendant l’enquête en cours. Il faut que les populations se calment et il faut que la paix véritable revienne », a déclaré Danin Magloire qui avait à ses côtés le maire, le sous-préfet et plusieurs têtes couronnées.
Selon la tradition Dan, dans le cas d’espèce, c’est un mouton blanc, sept colas blanches, 7 pièces de 5 francs et des feuilles de rameaux en guise de pardon qui ont été remis au chefs Dan et à la communauté Sénoufo comme pardon. Un geste que les chefs avec à leur tête leur Patriarche Doumbia ont accepté.
Auparavant, à Danané, ce sont plusieurs personnes qui sont victimes de cette plaisanterie de mauvais goût. Deux jeunes d’un groupe de cinq, venus de Sangouiné pour des travaux sur une ferme piscicole sont tabassés parce qu’accusés d’avoir fait disparaître le sexe d’un jeune. Un jour après, un jeune catéchiste va être sauvagement battu par une horde de jeunes en furie suite à une folle rumeur dont le distillateur n’est pas connu. Aujourd’hui, il est en soins en intensif dans un hôpital de la place. Son pronostic vital n’est pas engagé selon les praticiens.
À Danané, au regard de la gravité montante de cette situation, le préfet du département et les élus sont montés au créneau. Le mercredi 5 février, une rencontre avec toutes les couches sociales du département est organisée. Les autorités administratives, militaires et politiques ont invité les populations à plus de vigilance. « Nous demandons aux populations de garder leur calme. Cette affaire de disparition des organes génitaux est vraiment bizarre. Toutes les personnes qui ont crié à la disparition de leurs organes génitaux, ont été visités par les médecins séance tenante. Tous leurs membres sont au complet et bien présents. Qu’on arrête de distiller les fausses informations et les rumeurs qui mettent à mal la cohésion sociale entre les populations. Si d’aventure il y a des cas, qu’on attrape le soupçonné et les victimes pour les emmener à la police afin que les médecins soient mis à contribution pour la manifestation de la vérité », ont-ils préconisé.
Aux dernières informations, la jeune qui a créé le buzz suite auquel il a y eu mort d’homme est aux mains de la gendarmerie de Zouan-Hounien. Les autorités sécuritaires promettent également que toutes les personnes qui ont participé aux violences à Danané et Bin-Houyé, seront traquées et arrêtés.
Olivier Dan Correspondant Ouest
7info.ci