La Tabaski ou la fête du mouton donne lieu à une grande effervescence sur le marché ovin dans la ville de Bouaké. Pour cette fête, il y a une << économie de la Tabaski >> qui mobilise acteurs privés de la filière ovin et le gouvernement qui crée les conditions à l’approvisionnement des marchés de mouton. Mais, pour la fête qui s’annonce, la joie de célébrer la fête du mouton avec un animal, obtenu à bon prix, à céder la place à la désolation à Bouaké.
Bamba Yacouba dit Yacou, est un jeune vendeur de moutons, approché par 7info.ci, a accepté de donner les raisons de la flambée des prix cette année.
<< Cette année, il n’y a pas de moutons qui viennent du Niger. Les djihadistes ont détruit près 12 villages d’éleveurs et leurs bétails donc pas de convois de moutons provenant du Niger. Lorsqu’on se rend là-bas pour s’approvisionner, ils t’agressent et prennent tout ton argent. Les gens ont peur de se rendre au Niger. Les prix de mouton à Bouaké ont doublé ou même triplé par rapport à l’année dernière » reconnaît le jeune commerçant.
A Bouaké, 7info.ci a fait le tour des marchés de commercialisation; constat, le prix des moutons a connu une hausse. Kolo Coulibaly, un client qui peine à trouver le mouton de son choix et à son prix, se plaint de cette majoration des prix. << Je trouve que les prix ont augmenté cette année. C’est un peu excessif. Par rapport à l’année dernière, les prix ont carrément doublé ou même triplé. En fait, il faut compter au minimum 75.000 FCFA pour un mouton. C’est un peu cher pour quelqu’un qui vit à Bouaké >> a-t-il déploré.
Ibrahim Koné, un autre client se pose la question de savoir si la Tabaski sera bien célébrée par les musulmans de la ville de Bouaké. Pour cause, la hausse vertigineuse des prix des moutons. << Est-ce que cette année les musulmans de Bouaké pourront bien faire la fête de Tabaski ? Les moutons sont trop chers. Ce qu’on pouvait avoir à 70.000 fcfa, est passé carrément à 110.000 fcfa voire 130.000 fcfa. Et en plus ceux qu’on trouve ne sont pas trop gros. Depuis le matin, je tourne et jusqu’à présent ( 12h27mn ), je ne trouve pas un mouton à mon goût et à mon prix. Nous sommes à trois jours de la fête >> se lamente-t-il.
Les commerçants ne sont pas aussi heureux qu’on pourrait le croire. Drissa Traoré, vendeur de moutons et cabris (boucs), présente un visage triste. << Dans un langage familier, mon frère, ça ne marche pas, il n’y a rien même. Je me demande même pourquoi je suis ici. Depuis trois jours, j’ai vendu seulement 2 moutons, il n’y a pas de client >> se désole-t-il.
Oscar de Ouellé, correspondance particulière