Société

Les « gnambros » sévissent aussi dans les gares routières de Man

Mis à jour le 4 septembre 2019
Publié le 04/09/2019 à 12:53 , , ,

Ils font la pluie et le beau temps dans les gares routières de Man. Même les corridors Nord et sud de la ville ne leur échappent guère. Eux, ce sont les « gnambros », ces jeunes pour la plupart sous l’effet de stupéfiants, brutalisent les passagers, déchirent parfois les sacs de voyage de certains usagers. Sans oublier de grosses bagarres pour des piécettes. C’est le décor dans lequel baigne Man dans le domaine du transport routier de passagers.

Un soir de lundi, la  grande gare routière de Man grouille de monde. Les passants, les voyageurs, les commerçants ambulants, sans omettre ces fameux jeunes en quête de voyageurs, appelées communément gnambros. Notre équipe de reportage est sur le terrain pour vérifier l’existence de ces jeunes que tout le monde redoute dans les gares, selon des indiscrétions. Une dame avec son sac lutte pour se sortir de l’emprise d’un jeune homme, la vingtaine révolue. Nous pensons au vol à l’arrachée qui aurait tourné mal. Que non! Renseignements pris, il s’agit d’un « gnambro » qui chercherait des passagers pour un véhicule dans le but d’avoir un pourboire. La dame arrive à s’échapper en gardant fermement son sac.

 A 7info.ci, elle confie que <<Si tu as le malheur d’avoir un sac ou un sachet à la main, tu es leur proie. Une fois qu’ils te voient, sans même te dire bonjour, ils te sautent dessus. Ils t’arrachent ton sac avant de te demander où tu vas. Je viens d’un voyage et je cherche à rentrer à la maison. Je suis fatiguée et voilà ce que ce jeune voyou vient me faire. C’est ce que nous vivons ici dans la ville>>, témoigne dame Céline Makayé. À quelques mètres de là, une scène similaire. Un groupe de jeunes, venus d’un pays voisin est pris en tenaille. C’est la cible la plus prisée par ces « gnambros », car influençables, nous dit-on.

<<Quand des gens de certains pays de la CEDEAO arrivent ici, ils sont dépaysés. Ces jeunes les dépouillent de tout. Pour un village, où il faut débourser 1000 francs, ils sont capables de prendre 10.000 francs comme frais de transport. Ils sont terribles et souvent ils menacent,  les giflent même pour qu’ils paient. C’est un véritable problème de société qu’il faut voir>>, préconise un jeune sous le sceau de l’anonymat.

<<Tu vas où? Il y a un véhicule qui est déjà prêt. Donne-moi ton transport  » chap, chap ». Si tu as eu le malheur de donner ton argent, tu passeras tout le temps à attendre. Quand tu es pressé et tu fais un auto-stop, là, c’est la totale. Non seulement, ils vont t’empêcher de monter mais plus grave, ils s’en prennent au chauffeur>>, raconte un autre usager rencontré sur place.

Un confrère raconte son malheur. <<Nous partions un jour pour un reportage à Logoualé. La cérémonie étant prévue pour 14 heures, nous avons jugé utile de quitter Man à 12 heures, Logoualé étant à une trentaine de kilomètres de Man. Nous décidons d’aller au corridor sud, à Zélé. C’était mal connaître ces jeunes. Ils ont même créé une gare en plein corridor et ils empêchent qu’on prenne un autre véhicule si ce n’est  leur véhicule. Ils ont fait tout et c’est finalement vers 13 heures 30 minutes que nous avons quitté zélé pour arriver vers 15 heures. Il y a trop de désordre dans le milieu du transport>>, déplore le confrère.

Pour comprendre pourquoi l’existence de ces jeunes dans les gares, 7info.ci a rencontré les responsables du syndicat national des transporteurs terrestres. Reçus par le doyen Souleymane Cissé, ce dernier nous dit que ce phénomène existe depuis longtemps mais que c’est à la faveur de la crise qu’il a pris une proportion inquiétante. <<Ce phénomène existaient depuis longtemps. Mais pas trop comme maintenant où il y a toute sorte d’agression dans nos gares. À la faveur de la crise, les choses se sont détériorées et nous assistons impuissants à la montée de ce phénomène avec son lot d’agressions et autres. Nous sommes conscients que notre milieu est en proie au désordre et il est plus qu’impérieux que les autorités prennent leur responsabilité >>, souhaite le patron de la défunte compagnie CTM.

L’un des jeunes « gnambros » dit fait ce « travail » pour subvenir à ses besoins. Il dénonce le comportement de certains d’entre eux. <<Depuis 2008, je suis  »coxeur » (autre appellation de gnambro). Quand je cherche passager, j’ai mon quota que le chauffeur donne. Je le fais et je gagne bien ma vie. J’ai une famille de trois personnes que je nourris. C’est vrai notre nom est gâté, mais ce n’est pas tout le monde. Partout il y a des brebis galeuses. Certains profitent pour voler, violer  et agresser les gens. Beaucoup de ceux-là sont aujourd’hui en prison. Moi en tout cas je le fais et par jour, je peux avoir au moins 5000 francs. Je ne bois pas comme les autres encore moins fumer. Je cherche proprement mon argent>>, soutient Koné Ali qui apparaît à ses dires comme un agneau dans dans cette meute de loups.

Olivier Dan, Correspondant Ouest

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