L’opposition ivoirienne réussira-t-elle à mobiliser la population autour de son appel à la désobéissance civile ? Pour des observateurs de la scène politique ivoirienne, un succès n’est pas évident.
De l’appel à la désobéissance civile lancé par l’opposition politique ivoirienne, les avis sont multiples. Alors que l’opposition demande aux Ivoiriens de se mobiliser pour des manifestations sur toute l’étendue du territoire, d’aucuns estiment que les chances d’un succès ne sont pas grandes. Dr Yao Albert Enseignant-Chercheur en Sociologie à l’Université Lorougnon Guédé de Daloa partage cet avis.
« Si vous constatez bien, depuis la mi-septembre, l’école devrait avoir repris. Mais la psychose générale que crée l’élection fait que les parents sont réticents à envoyer leurs enfants à l’école. Donc dans ce contexte où les gens ont peur de sortir, et également de faire sortir leurs enfants pour ne pas les exposer, je pense qu’un boycott actif aurait fait l’affaire. Mais la réalité sociale est qu’aujourd’hui, les Ivoiriens sont moins enclins à ce genre d’actions », analyse l’universitaire joint par 7info.ci.
Pour le sociologue ivoirien, la désobéissance civile souhaitée par les Ivoiriens ne se fera pas comme l’entendent les initiateurs. En lieu et place des manifestations de rue, « les gens vont plutôt se terrer chez eux simplement pour ne pas avoir à subir le courroux de la force publique », fait savoir Dr Yao Albert, avant de faire savoir qu’il y aura à terme des élections avec un faible taux de participation.
Le dimanche 20 septembre, au cours d’une réunion, des plateformes et partis politiques de l’opposition ivoirienne que sont CDRP, EDS, GPS, URD, LIDER et UDPCI ont lancé un appel à la désobéissance civile. Selon l’ancien président ivoirien Henri Konan Bédié leur porte-parole, cette action vise à empêcher la troisième candidature d’affilée du président ivoirien Alassane Ouattara perçue comme anti constitutionnelle. « Face à la forfaiture, un seul mot d’ordre: la désobéissance civile », soutient-il.
Bien définir le contenu du mot d’ordre
Dr Eddy Guipié est Enseignant-Chercheur en Sciences politiques à l’Université Péléforo Gbon Coulibaly. Selon lui, il faudrait que le contenu du mot d’ordre soit bien défini pour espérer réussir. « Tout est fonction du contenu que les leaders politiques de l’opposition auront à donner de cet appel à la désobéissance civile. Le terme est suffisamment large, il faut donc qu’ils en précisent la modalité et la temporalité de même que la teneur des actes qu’ils auront à poser. La désobéissance civile est une opposition subtile à un pouvoir considéré comme corrompu, illégitime et injuste. Dès lors nul n’est tenu de respecter son autorité. Comment se manifestera ce non-respect de l’autorité ? Est-ce par des grèves, arrêts de travail, cessations de travail ? Est-ce par des marches, des manifestations ? Est-ce par le fait d’obstruer les voies publiques ? Il faut que l’opposition donne un contenu à cet appel à la désobéissance civile, et qu’elle précise les modalités dans lesquelles cet appel se fera« , analyse pour 7info.ci le politologue.
Richard Yasseu
7info.ci