Nouvelle génération. Le terme est bien simple mais suscite pourtant diverses appréciations. Alassane Ouattara souhaite-t-il céder son fauteuil à des candidats plus jeunes ou plutôt cette décision vise simplement à faire barrage au désir des membres de sa « génération » ? En attendant de cerner la stratégie du Président du RHDP, plusieurs présidentiables frappent déjà aux portes du pouvoir.
Ouattara s’en va. La course à sa succession est ouverte. Mais qui a plus de chance de diriger la Côte d’Ivoire après les élections de 2020 ? Ce ne sont pas les candidats qui manquent. Bien au contraire, ils se bousculent aux portes du palais de la République pour donner un nouvel éclat à la politique ivoirienne. Alors, qui dit nouvelle génération, dit nouveau visage mais pas forcément nouvelle vision ou nouveau parti politique car le président ivoirien sortant voudra bien pérenniser son œuvre. Et pour ce faire, les supputations vont bon train sur son choix au sein même de sa famille politique.
Amadou Gon Coulibaly, le choix de Ouattara ?
Selon les indiscrétions, celui qu’on surnomme le Lion, pourrait être le candidat du RHDP aux prochaines élections présidentielles. Le schéma serait tout simple. Hamed Bakayoko, actuel Ministre d’Etat, Ministre de la Défense est pressenti pour remplacer Amadou Gon à la Primature dans le but de laisser le libre champ à ce dernier, pour faire sa campagne en vue des prochaines élections présidentielles. Amadou Gon Coulibaly, considéré depuis longtemps comme l’un des plus fidèles de Alassane Ouattara serait son choix naturel. Il connaît la vision de son mentor et l’a même aidé à exécuter son programme de gouvernance pendant toutes ces années passées à la tête du gouvernement. Tout prête à croire qu’il se prépare. Mais fait-il partie de la nouvelle génération dont parle Ouattara ?
Hamed Bakayoko, le golden boy, l’héritier naturel
Il est aimé par la jeunesse du RHDP et partant, la jeunesse ivoirienne. Hamed Bakayoko, Ministre d’Etat, Ministre de la Défense, député de Séguéla et maire de la commune d’Abobo, a épousé les idéaux d’Alassane Ouattara depuis les années 90. Il est le fils adoptif du Président de la République et de Dominique Ouattara. Sa fidélité et sa loyauté lui ont permis de gravir les marches politiques au point d’occuper de hautes fonctions au sein des différents gouvernements formés depuis la crise ivoirienne de 2002. Confie-t-on le Ministère d’Etat et de la Défense à n’importe qui dans un pays qui sort de crise ? Hamed Bakayoko pourrait aussi se présenter aux élections présidentielles s’il était choisi par son camp, comme incarnant véritablement la nouvelle génération pour sa jeunesse. Mais lui-même n’a rien dit qui aille dans ce sens.
Albert Mabri Toikeusse, le candidat du RHDP ?
Il a officiellement manifesté sa volonté d’être candidat aux élections présidentielles de 2020. Albert Mabri Toikeusse, ministre de l’Enseignement supérieur et de la Recherche scientifique président de l’UDPCI, souhaite être désigné par sa grande famille politique, le RHDP, afin de présider aux destinées de la Côte d’Ivoire. Cependant, son parti ne représentant pas la majorité au sein de cette coalition, le président du conseil régional du Tonkpi pourrait très vite être rappelé à l’ordre. Selon certaines langues, Alassane Ouattara, aurait dissuadé le député de Zouan-Hounien, de se présenter aux prochaines élections présidentielles.
Pascal Affi N’Guessan ou la bataille pour la légitimité au FPI
Malgré la contestation au sein de son camp, Pascal Affi N’Guessan pourrait être le candidat du FPI, par défaut. L’ancien Premier Ministre de Laurent Gbagbo n’est pas inquiété par la justice contrairement à son mentor, toujours en résidence surveillée en Belgique. Si ce dernier ne peut pas se présenter, alors qui pourrait représenter dignement le FPI dans une élection où le RHDP semble déjà bien organisé. La tentative de médiation, initiée par Laurent Gbagbo, pour réconcilier les deux factions du FPI est en bonne voie. Affi N’Guessan a déjà déclaré qu’il serait candidat aux élections présidentielles de 2020. Il est même l’une des premières personnalités à toquer déjà à la porte de la présidence ivoirienne. Il n’incarne certes pas la jeunesse mais représente une autre classe politique.
Charles Blé Goudé et Soro Guillaume, les fescistes ont grandi
L’un a été membre de la galaxie patriotique et brièvement ministre de la jeunesse, l’autre, ministre d’Etat, ministre de la Communication, Premier Ministre et Président de l’Assemblée nationale. Charles Blé Goudé et Guillaume Soro qui avait pris des chemins opposés dans leur lutte politique, se retrouvent finalement dans la même situation. Alors que Charles Blé Goudé, encore à la Haye au Pays-Bas, a été condamné à 20 ans de prison par la justice ivoirienne, Guillaume Soro, qui a officiellement déclaré sa candidature, aux prochaines élections présidentielles, est lui frappé par un mandat d’arrêt international. Cette génération, celle des années estudiantines et en laquelle se retrouve une partie de la jeunesse ivoirienne, aura aussi son mot à dire en Octobre prochain.
Jean Louis Billon, ou Marcel Amon Tanoh, les fils à Papa
Homme d’affaires bien connu du milieu économique ivoirien, Jean Louis Billon est aussi très engagé en politique. Il a gravi les échelons et est devenu l’un des vice-présidents du plus vieux parti de Côte d’Ivoire. Un temps porte-parole de sa formation politique, le chef d’entreprise s’était fait remarquer par ses positions tranchées et ses attaques verbales contre le camp Ouattara. Il pourrait être désigné par Henri Konan Bédié, afin d’incarner la nouvelle génération, la jeunesse. Le vieux parti prendrait-il ce risque alors que des fidèles de l’ancien Chef d’Etat, caressent encore le vœu de voir Bédié prendre les rênes du pouvoir ? Tout comme Jean Louis Billon, Marcel Amon Tanoh cadre du RDR, ministre des Affaires étrangères et fils d’un dignitaire du PDCI, est dans le starting bloc. On lui prête des ambitions présidentielles.
Tidjane Thiam, Koffi Ahmed Zarour Djè Bi Djè Vamy Olivier, les outsiders
Ils font aussi partie de la nouvelle génération même s’ils sont peu connus sur la scène politique ivoirienne. Si Tidjane Thiam, après sa démission du crédit Suisse est silencieux sur le sujet, Koffi Ahmed Zarour (hommes d’affaires) et Djè Bi Djè Vamy Olivier (maire de la commune de Zuenoula), ont eux, officiellement annoncé leurs candidatures aux prochaines élections présidentielles. Ils font tous partie de la nouvelle génération dont parle Alassane Ouattara mais demeurent des outsiders. Des bruits courent que l’un d’eux (Tidjane Thiam), pourrait être la surprise du pouvoir. Alassane Ouattara pourrait décider de faire du banquier son joker de dernière minute.
La route vers la présidentielle 2020, réserve surement d’autres surprises.
Eric Coulibaly
7info