A l’instar de plusieurs pays, une incidence sur le prix à la pompe pourrait se ressentir après les attaques contre des champs pétroliers saoudiens par des drones non identifiés mais que les Etats-Unis attribuent à l’Iran.
Dans un contexte de crise au Yémen où l’Arabie Saoudite soutient le régime au pouvoir, avec une implication iranienne non feinte, des attaques ont été perpétrées contre des installations pétrolifères de l’Arabie Saoudite le samedi 14 septembre.
Toute chose qui a fait bondir de 15% le prix du baril du pétrole à l’international. La Côte d’Ivoire pourrait bien ne pas échapper à cette augmentation. C’est le constat fait depuis le samedi dernier après les attaques par des drones, des installations d’Abqaiq et des champs pétrolifères voisins de Kurais, en Arabie Saoudite.
Ces attaques impactent de moitié les capacités d’exportations du premier producteur mondial d’or noir avec une perte de 5,7 millions de barils/jour, soit en gros 5% de la consommation mondiale.
Les usines détruites, le complexe industriel d’Abqaiq, au Nord-Est du pays, étaient appelées le talon d’Achille de l’économie mondiale par les spécialistes. C’est un endroit où le pétrole brut, tout juste extrait, est nettoyé et préparé pour l’exportation.
Il est désulfuré et débarrassé des métaux lourds, ainsi que du gaz qu’il contient, de façon à ne pas compliquer le processus de raffinage, qui sera effectué dans les pays acheteurs. Près de 70% des ventes de pétrole saoudiennes transitent par ces installations d’Abqaiq, qui sont les plus importantes au monde. Elles sont reliées par pipeline aux champs pétroliers les plus vastes de la planète, comme Ghawar. Autant dire que c’est un point très vulnérable. Les réparations, s’annoncent longues, apprend-on.
La compagnie nationale laisse entendre que les réparations seront plus longues que prévues. Aramco ne donne pas de précisions mais il faudra des semaines voire des mois, d’après un ingénieur français qui connaît bien l’usine pour avoir récemment formé des techniciens saoudiens sur place. Il a pu observer sur des photos satellites que les séparateurs, avaient été percées par les drones, et donc, que tout le traitement du pétrole à Abqaiq est à l’arrêt. “Ce ne sera pas facile”, estime-t-il, “de trouver des entreprises étrangères prêtes à livrer les turbines et les pompes nécessaires, dans le climat sécuritaire actuel”. C’est plus une réorganisation des flux pétroliers qui est à l’oeuvre. Avec tout de même une inflation des prix, prime de risque et augmentation du fret obligent. L’Europe et l’Asie vont en subir les conséquences. La Chine dont l’économie n’est pas au beau fixe, absorbait un quart des exportations saoudiennes, elle devra payer une taxe de 5 % si elle veut importer à la place du pétrole américain. Cette situation devrait se répercuter très vite dans les stations-service d’après les experts du secteur.
“On peut s’attendre assez rapidement à une augmentation de l’ordre de 4 ou 5 centimes », parce que « les grandes sociétés répercutent au jour le jour l’évolution des prix sur le marché de Rotterdam sur l’essence et le gazole », a ainsi réagi à l’AFP Francis Duseux, président de l’Union française des industries pétrolières (UFIP). A ce jour, les cours pétroliers, représentent environ 30% du prix des carburants – le solde étant composé pour plus de 60% de plusieurs taxes et pour un peu moins de 15% de la marge bénéficiaire des groupes pétroliers et des distributeurs. La persistance de ce haut niveau des prix va donc dépendre de la capacité de l’Arabie saoudite, et des autres pays producteurs, à compenser la chute du nombre de barils produits par Riyad. Car les attaques de drones contre le royaume wahhabite ont des conséquences importantes à l’échelle mondiale. Il s’agit de la plus forte baisse de production de l’histoire pétrolière, davantage encore que lors de la première guerre du Golfe.
Adam’s Régis SOUAGA et Sercom Ministère du Pétrole, de l’Energie et des Energies renouvelables