Huile rouge, lait, miel… ces substances sont généralement utilisées dans certaines pratiques, pour, dit-on, contrer les effets de produits nuisibles consommés par imprudence. Mais selon des experts, l’utilisation de ces substances dans certains cas d’empoisonnement est à proscrire. Et pour cause.
Le retour d’expérience dans l’utilisation de l’huile rouge pour contrer les effets nocifs d’un produit ingurgité accidentellement n’est pas toujours positif. Et souvent, le drame n’est pas bien loin. La question alimente les conversations sur les réseaux sociaux. Selon un médecin, un enfant dans un état critique a été conduit récemment à son cabinet. Le petit malade, explique-t-il, avait ingurgité accidentellement de la poudre de tabac sur l’étale de sa grand-mère. Pour lui faire vomir le tabac, les parents ont eu l’idée de lui donner de l’huile rouge. « Résultat, poursuit le médecin, l’huile est passée dans les voies pulmonaires et on a reçu un enfant agonisant, luttant pour respirer ».
Mais grâce à Dieu, indique l’internaute, l’enfant n’a eu la vie sauve que grâce à une aspiration bronchique qui a permis d’extraire une bonne quantité de l’huile rouge.
Une pratique à proscrire
Selon un médecin en réanimation du CHU de Cocody joint par 7info, la consommation de l’huile rouge n’est pas mauvaise. Bien au contraire, cette substance a de nombreuses propriétés qui sont bénéfiques. À l’en croire, c’est plutôt l’usage de l’huile rouge comme antipoison et les effets secondaires qu’elle peut entraîner, qui sont mis en cause.
« C’est une pratique qui est assez connue dans nos sociétés. On se dit que l’huile rouge est un antipoison et qu’il permet de faire vomir et de nettoyer le ventre. Lorsqu’un enfant se retrouve en train de prendre une substance qui est néfaste, on lui donne de l’huile rouge en espérant que l’huile fasse un effet d’antidote pour faire vomir l’enfant. Le faisant, les parents pensent bien faire », explique le spécialiste.
Cependant, selon lui, en toxicologie, il n’y a pas d’antidote global. « Si vous avez pris une substance A, si un antidote existe, ce sera l’antidote pour cette substance A. Il en sera de même pour une substance B et ainsi de suite. Le second élément est que lorsque l’huile rouge est donnée à l’enfant, en vomissant, du fait d’une certaine immaturité, le contenu de son estomac passe par les poumons et finit par noyer ses poumons. Le contenu acide de l’estomac va se trouver non seulement en train de noyer ses poumons, mais aussi en train de les détruire », diagnostique-t-il pour 7info.
« Pour mieux comprendre la situation, prenons le cas d’un individu qui a consommé de l’eau de javel ou qui a mâché des grains de javel. C’est un produit qui brûle. Une fois avalé et en descendant au niveau de la gorge, de l’œsophage et de l’estomac, il va brûler les parois au passage. Si encore on essaie de faire vomir l’individu, ce même produit en ressortant, va brûler pour la deuxième fois les parois. On aggrave ainsi le cas », explique l’expert.
La bonne conduite à tenir
« Ce qui se passe c’est que les parents associent l’huile rouge au vomissement et donc à un antidote. Or c’est une association qu’il faut arrêter de faire. Il faut que les parents comprennent que s’ils voient un enfant en train d’avaler quelque chose qui n’est pas bon, au lieu de chercher à faire des gestes qui tuent, la chose à faire est de rapidement prendre le flacon du produit avaler, et foncer à l’hôpital avec l’enfant. Car en voulant faire le geste qui sauve, on va faire le geste qui tue », recommande le médecin en réanimation.