Comment et à quel prix la Côte d’Ivoire peut-elle se réconcilier ? Pour les anciens présidents Henri Konan Bédié et Laurent Gbagbo, la libération des prisonniers des crises liées aux élections est un gage. Ils multiplient de ce fait, des appels au président Alassane Ouattara.
C’est pour eux, une priorité dans la marche vers la réconciliation nationale. Et les anciens présidents Henri Konan Bédié et Laurent Gbagbo tiennent à ce que la libération des prisonniers se fasse. Toutes les occasions pour le signifier ou le rappeler sont saisies. C’est d’abord Laurent Gbagbo qui est le premier à l’évoquer. Reçu au palais présidentiel le 27 juillet 2021 par Alassane Ouattara, l’ex-président n’a pas manqué de mettre la question de la libération des prisonniers sur la table des discussions.
« J’ai insisté sur le cas des prisonniers qui ont été arrêtés au moment de la crise de 2010-2011 et qui sont encore en prison. J’ai dit au président et vous serez d’accord avec moi que j’étais le chef de file. Et moi, je suis dehors aujourd’hui et ils sont en prison. J’aimerais que le président fasse tout ce qu’il peut pour les libérer », a soutenu Laurent Gbagbo au cours du point presse co-animé avec Alassane Ouattara à sa sortie d’audience. Laurent Gbagbo a indiqué être convaincu que le chef de l’exécutif a les moyens de donner suite à cette doléance. Et comme pour mettre la pression, l’ancien président a transmis une liste de plus d’une centaine de personnes en détention qu’il souhaite voir libre.
Si jusque-là Alassane Ouattara n’a pas encore réagi à la demande de son prédécesseur, la question de la libération des prisonniers est prise à cœur par l’opposition politique. Henri Konan Bédié fait aussi une priorité. A la suite de Laurent Gbagbo, il rappelle aussi au président Alassane Ouattara cette nécessité pour la réconciliation nationale. Dans un courrier adressé à Alassane Ouattara et dont l’objet est « l’ouverture d’un dialogue politique inclusif », l’ancien chef d’Etat appelle aussi à la libération des prisonniers. « (…) je vous demande de prendre par une volonté politique forte, le leadership du processus de réconciliation nationale par la libération générale des prisonniers des crises sociales que nous avons subies », invite le leader du PDCI tout en indiquant qu’il s’agit des détenus des civils et militaires de la période 2010-2020.
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Une pression de la part des anciens présidents ivoiriens ? Dr Eddie Guipié, Enseignant-chercheur en sciences politiques à l’université Péléforo Gon Coulibaly de Korhogo le pense. « C’est certainement une manière de mettre la pression, mais une douce pression destinée à poser les jalons d’un dialogue apaisé. Vous ne pouvez pas bien négocier, lorsque vous savez qu’il y a des personnes qui sont en détention. Il s’agit donc déjà de poser les conditions du dégel et poursuivre les consultations pour d’autres objectifs politiques », analyse-t-il pour 7info qui l’a joint.
Mais l’universitaire précise que la latitude revient au chef de l’Etat selon le droit de grâce qu’il a, de donner droit à ces requêtes des anciens présidents ivoiriens.