Le président ivoirien Alassane Ouattara se montre flexible à la libération des prisonniers pro-Gbagbo en répondant à la plaidoirie de la Centrale Syndicale Dignité ce 1er mai à la célébration de la fête du travail à Abidjan. Il ne les considère pas comme des « prisonniers politiques » mais entend, tout de même, au nom de « la cohésion », prendre des mesures « le moment venu ».
Eli Boga Dago, secrétaire général de la Centrale Dignité a réitéré sa plaidoirie en faveur des prisonniers dits proches de l’ex président Laurent Gbagbo. « Pour la cohésion sociale, nous demandons la libération des prisonniers politiques comme les préfets l’ont fait récemment », affirme-t-il au cours de la présentation du cahier de doléances le 1er mai 2018 au Palais présidentiel.
Réagissant à cette doléance, Alassane Ouattara insiste pour dire qu’il n’y a pas de prisonniers politiques en Côte d’Ivoire tout en se montrant plus flexible pour une éventuelle libération à terme des précédures.
« Il n’y a pas de prisonniers politiques en Côte d’Ivoire. Les prisonniers politiques, entre guillemets, ce sont ceux qui concernaient la crise post-électorale. La plupart des jugements ont été faits ou sont en cours d’être faits. Depuis mon investiture, les personnes qui ont été arrêtées sont les personnes qui ont attaqué les commissariats de police, qui ont attaqué des camps de gendarmerie, qui ont assassiné des militaires y compris des gens qui ont été tués dans la mission de l’ONU et ces gens sont en train d’être jugés. Une fois que ce jugement sera terminé, bien sûr, nous verrons au niveau du gouvernement, les dispositions à prendre », annonce-t-il.
Poursuivant, le président ivoirien dit être disposé à prendre des mesures le moment venu. « Mais nous sommes désireux de renforcer la cohésion et la réconciliation et de faire en sorte. Pas plus tard que le mois dernier, j’ai demandé au ministre de la justice d’accélérer les procédures. C’est lorsque tous les jugements sont terminés que le Président de la république peut faire usage de son droit de grâce donc d’un projet de loi d’amnistie et vous pouvez me faire confiance, ce sera fait le moment venu ».
La question des détenus proche de l’ex président ivoirien ressurgit dans l’actualité judiciaire du pays. L’Association des femmes et familles des détenus d’opinion (AFFDOCI) plaide leur libération par « une loi d’amnistie ou toute autre mesure politique ». « Nos parents se meurent en prison. Que le Chef de l’Etat lève le pied, sept ans après la crise post-électorale », s’est attendri Désirée Douati, présidente de l’AFFDOCI le 12 avril 2018.
Soro Guillaume, président de l’Assemblée nationale, le corps préfectoral et certains cadres du PDCI, parti membre de la coalition au pouvoir tiennent des discours dans le sens de l’élargissement des prisonniers politiques.
De leur côté, les associations de droits de l’homme, plus opposées à une loi d’amnistie, insistent pour l’accélération des procédures et la présentation devant la Justice de tous les protagonistes de la crise ivoirienne afin que toutes les victimes soient réparées.
Nesmon De Laure
Pôleafrique.info