Des milliers de Libériens étaient dans les rues de Monrovia, la capitale, le lundi 14 février 2022 pour célébrer le bicentenaire de leur pays. Cet État d’Afrique de l’Ouest a été fondé comme colonie en 1822 par d’anciens esclaves venus d’Amérique, a une histoire riche en péripéties.
L’histoire de ce petit pays d’Afrique de l’Ouest débute avec la condamnation du trafic d’esclaves aux États-Unis, au XIXe siècle. L’idée de créer, en Afrique, un foyer réservé aux noirs affranchis, était des plus évoquées. Elle prend forme grâce à l’American Colonization Society, une association philanthropique. De 1822 à 1892, plus de 16 000 esclaves affranchis venus des États-Unis débarquent au Liberia. Avec l’assentiment de l’American Colonization Society, l’indépendance est proclamée le 26 juillet 184. Joseph Jenkins Robert, premier président, obtient la reconnaissance de son pays par la Grande-Bretagne en 1848. Le gouvernement américain, en proie aux actions de la ségrégation raciale, ne reconnait officiellement le nouvel État qu’en 1862.
Une société inégalitaire
Très vite, les relations entre les autochtones et les nouveaux arrivés vont se dégrader. De nombreux affrontements avec les populations locales ont lieu. Des terres sont arrachées, une démocratie discriminatoire avec en toile de fond, le vote censitaire est imposée. Ce qui permettra naturellement aux Américano-Libériens de conserver le pouvoir. Ceux-ci vont reproduire le système de domination américain dont ils étaient jadis victimes. En 1930, la défunte Société des Nations (SN) accuse les Américano-Libériens de pratiques proches de “l’esclavage“. Ce n’est qu’en 1945 que les populations locales ont eu le droit de vote.
12 avril 1980, le coup d’État de la rupture
Le 12 avril 1980, marque un tournant décisif dans l’histoire de ce pays. Un groupe de soldats, dirigés par le sergent-chef Samuel K. Doe, renverse le président William R.Tolbert. Ce coup d’État particulièrement sanglant marque la rupture en mettant fin au règne de la minorité de Libériens, descendants d’Américains aux affaires depuis l’indépendance. Malgré une constitution et la tenue d’élection, la légitimité du régime de Samuel Doe sera fortement contestée. Les années 1980 seront ponctuées par plusieurs tentatives de coup d’État. Le chargé d’affaires, américain, Julius Walker, affirmera : « Doe n’avait pas vraiment prévu de se trouver là où il était. Il craignait que des forces viennent l’attaquer ».
Guerre civile
En décembre 1989, des rebelles lancent des attaques depuis la frontière ivoirienne. C’est le début de la guerre civile libérienne. Le 9 septembre 1990, Samuel Doe est arrêté, puis exécuté par le chef rebelle Prince Johnson. La guerre civile dure 14 ans. 350 000 morts entre 1989 et 2033 sont enregistrés. Ce qui fera de la guerre du Liberia l’un des conflits les plus atroces du continent africain.
LIRE AUSSI : L’opposition libérienne exige la tête de George Weah
Aujourd’hui, le Liberia est dirigé par l’ex-footballeur international Georges Weah, et la démocratie s’enracine progressivement dans le pays. Et cette nation, jadis dévastée par la guerre, est en train de devenir progressivement un modèle de démocratie en Afrique. À travers son histoire, le peuple libérien a prouvé que le pire n’est pas une fatalité.