Je vais m’atteler aujourd’hui à décortiquer certaines incongruités contenues dans le communiqué du conseil des ministres du 15 avril 2020.
Le dernier conseil des ministres nous informe de ce que, dans le cadre des fonds que le gouvernement recherche auprès des partenaires financiers de la Côte d’Ivoire et des dons qu’il reçoit de certaines entreprises pour faire face à la pandémie du COVID19, il a été mis en place pas moins de 5 structures de gestion :
1 – Le FSSSUH
Le Conseil a adopté une ordonnance portant création, attributions, organisation et fonctionnement du Fonds Spécial de Solidarité et de Soutien d’Urgence Humanitaire, dénommé Fonds Spécial de Solidarité COVID-19.
Le montant de ce fonds, contrairement aux autres fonds, n’est curieusement pas annoncé.
2 – Le FSGE
Conseil a adopté une ordonnance portant création, attributions, organisation et fonctionnement du Fonds de Soutien aux Grandes Entreprises, dénommé FSGE COVID-19.
Ce fonds est doté d’une enveloppe 100 milliards de francs CFA pour le FSGE COVID-19.
3 – Le FSPME
Le Conseil a adopté une ordonnance portant création, attributions, organisation et fonctionnement du Fonds de Soutien aux Petites et Moyennes Entreprises, dénommé FSPME COVID-19.
Ce fonds est doté d’une enveloppe de 150 milliards de francs CFA.
4 – LE FAASI
Le Conseil a adopté une ordonnance portant création, attributions, organisation et fonctionnement du fonds d’appui aux acteurs du secteur informel.
Le montant de ce fonds, contrairement aux autres fonds n’est lui aussi pas indiqué dans le communiqué du conseil des ministres.
5 – Le CIMP
Le Conseil a décidé de mettre en place un cadre de gouvernance simplifié dénommé Comité Interministériel des Matières Premières (CIMP) piloté par le Premier Ministre.
Ce comité, supervisé par le 1er ministre lui même, va gérer un montant de 300 milliards de francs CFA.
Quel est l’intérêt de créer autant de structures de gestion de fonds lorsqu’on sait que ce type de structure s’avère extrêmement budgétivore et demande un certain temps pour être opérationnel.
Or, l’argent fait cruellement défaut et le peu actuellement disponible ne devrait pas être dilapidé dans des salaires de DG ou PCA de gestion desdits fonds. Sans compter tout le personnel, les équipements de bureau et autres charges liées à l’installation du fonds (loyers, véhicules…).
Nous n’avons pas non plus de temps à perdre au regard de la hausse exponentielle du nombre de contaminés. Or, par expérience, nous savons que l’installation d’un fonds prend du temps (achats des équipements de bureau, recrutement du personnel…).
De mon point de vue, le gouvernement pouvait faire mieux et plus simple. À l’instar d’un ministère de l’économie et des finances qui gère ou supervise l’ensemble des fonds d’un pays (sauf le budget de souveraineté de la présidence qui lui est directement géré par la présidence elle-même) il aurait été plus simple de créer un seul comité de gestion avec, en tant que de besoin, des directions spécialisées.
Procéder ainsi permettrait une mutualisation des ressources financières, humaines et des charges incompressibles. C’est une exigence de bonne gouvernance. Mais c’est aussi un impératif élémentaire de transparence et d’optimisation de la gestion des fonds publics et privés mis à la disposition de l’Etat.
Mais en même temps je comprends que la campagne présidentielle approche et qu’il est peut-être plus important de caser des copains et des coquins à de juteux postes financiers afin qu’ils soient plus « efficaces » sur le terrain en devant de généreux donateurs.
N’est-il pas dit que l’argent est le nerf de la guerre ?
Jean Bonin
Juriste
Citoyen ivoirien