Pour nous, jeune pousse ivoirien dont l’adolescence a été fortement impactée par le primo pouvoir incarné par, Feu Félix Houphouët Boigny, notre cher pays à travers ses dirigeants de l’époque et ceux d’aujourd’hui encore, a toujours été attiré et obnubilé par les portes blindées de l’endettement auquel il s’astreint frénétiquement auprès des institutions internationales de Breton Woods.
Loin de nous l’idée de faire le bilan ou de procéder ici à l’audit de l’endettement national sur la période raide de, 1960 à nos jours. Toutefois, étant donné que nous sommes administrativement parlant les bénéficiaires de cet endettement à « outrance », nous pensons pouvoir demander non pas des comptes, mais des conseils à ceux qui ont honorés le pays de leur compétence dans ce domaine et ceux aux affaires actuellement sur la nécessité de l’endettement.
La Côte d’Ivoire notre pays, ce n’est pas nous l’auteur de la trouvaille, est « un pays riche » capable d’utiliser ses ressources propres pour dérouler durablement son développement. Surtout que contrairement à d’autres géants du continent, nous ne pataugeons que dans une poignée de kilomètres carrés (322.000 km²) sur lesquels un peu plus de trente millions d’âme en peine ou en paix, déambulent librement sous l’emprise de vents contraires.
Si l’endettement que nous chérissons tant, est un puissant legs de nos héroïques devanciers, il va sans dire que l’objet de l’endettement n’est pas le même d’une époque à une autre. De nos jours, quelle est la philosophie globale de l’endettement ? Pourquoi un pays qui est réputé riche selon des critères étrangers, peut-il se choisir pour mode de soutien à l’investissement, l’endettement ?
L’on peut penser faussement que le pays exécute son ambition de développement grâce aux deux leviers : des ressources propres et celles issues de l’endettement. Eh bien non, les ressources propres si elles existent, elles servent selon nous, à éponger essentiellement les nouveaux tableaux de la dette. Du coup le recours systématique à l’endettement peut apparaitre comme une parade qui cache ou distrait temporairement, notre relative indigence. Les sommes empruntées et leur destination, laissent penser également qu’il y a insuffisance de ressources internes. Mobilisables maintenant. Vu sous cet angle, l’endettement apparait comme une stratégie du « m’as-tu vu » qui vise à se donner de faux airs de riche. Parce que si nous étions véritablement riches, nos seules ressources : scientifiques, administratives,minières, pétrolières, halieutiques, agricoles et que sais-je encore, se seraient fait un véritable plaisir à remorquer en un seul levage, nos choix de développement. Il est temps qu’en Côte d’Ivoire, après plus de cinquante années du fardeau de la dette au dos, nous circonscrivions une fois pour toute, le périmètre de la logique de l’endettement. Sans lequel finalement, la course au pouvoir serait fade et donc, sans épices ! Ce qui revient à dire qu’à l’avenir, que tous les projets d’endettement devront faire l’objet d’une analyse qui prend en compte les opinions les plus larges.
Par exemple, en plus d’associer l’Assemblée Nationale et le Sénat, les régions qui portent le développement, devront être consultées. Immanquablement puisque ce sont elles les premières bénéficiaires et les chevilles ouvrières du développement. Ce dispositif s’il est mis en œuvre, permettra à chaque région de connaitre son quota dans l’enveloppe de l’endettement et toutes les modalités pratiques de mise à disposition. En procédant ainsi, il y a des chances que ce nouveau souffle de transparence, soit le meilleur défenseur de l’endettement. Le véritable problème avec l’histoire de l’endettement en Côte d’Ivoire, c’est qu’on fait plus de bruit autour de l’intention de s’endetter que, du résultat physique de l’endettement qui se décline en terme de développement.
Dans les années 80, le président Houphouët était fière des classes de bourgeois qu’il avait laissées se constituer au gré de leurs inspirations. Ces « bourgeois » qui émanaient de toutes les régions du pays, se devaient d’en mettre plein la vue afin de faire mousser les pouvoirs du pouvoir en place. De nos jours, le même phénomène sous des apparences nouvelles dont la doctrine brille par sa brume épaisse, s’illustre ici et là. Après soixante-huit années révolues de cet exercice, le constat est que la Cote d’Ivoire coincée aux extrémités, est en déséquilibre sur le tremplin de l’émergence. Et si les phraséologies du genre : « pays sous-développés, pays en voie de développement et pays émergents » étaient des talismans de blancs qui servent royalement le business de l’endettement ?
En ce qui me concerne, je ne suis pas sûr, que l’endettement soit une arme pour lutter efficacement contre la pauvreté. Car, endettement et pauvreté, mus par le même destin, sont deux notions qui épargnent sur la même sémantique. C’est pourquoi vous me permettrez d’enrichir l’univers des phraséologies avec : « la nationalisation des investissements ».
Commençons par identifier toutes les sources nationales qui contribuent à mettre de l’oseille dans les caisses de l’Etat. Ensuite affectons jusqu’à la saturation des demandes, chacune de ces ressources à la réalisation d’infrastructures précises. Ainsi, grâce à la nouvelle culture qui sera ainsi introduite, on saura désormais à quoi servent nos riches et variées ressources internes. Et l’honneur de tous, sera sauf surtout que celui qui emprunte au nom de l’Etat, n’est pas toujours celui-là qui rembourse !
Au fait, est-ce qu’il existe une étude qui peut nous permettre de réaliser sereinement et avec rigueur, le rapport entre les sommes cumulées issues de notre histoire de l’endettement (1960) et le niveau de développement auquel notre pays est arrivé (2018) ?
Koné KOBALI
Libre auteur, créateur