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Libre Expression | La victoire en… négociant.

Mis à jour le 5 mars 2020
Publié le 05/03/2020 à 12:42 , , ,

Pour certains “dignes combattants”, revendication politique rime essentiellement avec boycotts, grèves, marches, barricades, voire rébellion. Mieux, ils sont un certain nombre à considérer que seul un acquis démocratique obtenu dans la violence ou dans le sang mérite d’être considéré comme une victoire politique. S’il est vrai qu’à une certaine époque (lointaine) cette posture pouvait quelque peu séduire ce n’est heureusement plus le cas de jours. Heureux donc que quelques rares politiciens, dont Affi NGuessan, s’en démarquent.

En effet, depuis sa libération de la prison de Bouna, en 2013, le président du FPI, Pascal Affi NGuessan, qui s’inscrit dans l’école de pensée des Martin Luther King ou Mahtama Gandhi plutôt que celle des Malcom x et autres révolutionnaires a fait du dialogue politique sa seconde religion. Certes, cela lui a valu des inimitiés, y compris dans son propre camp, n’empêche, il est resté droit dans ses bottes, confiant que le dialogue est l’arme des forts.

Aujourd’hui, les faits lui donnent raison, vu que sa vision politique s’avère payante. Il peut donc se targuer d’avoir un bilan politique assez flatteur, contrairement aux forts en gueule qui, eux, n’ont que l’exaltation de leurs émotions, la victimisation et des pleurnicheries à offrir à leurs partisans.

De 2013 à 2017, grâce au dialogue, Affi a obtenu la libération de 617 prisonniers politiques, le retour de 1 365 exilés (Komoé Augustin, Lia Bi Douayoua, Watchard Kedjebo…), le dégel d’une centaine de comptes en banque (feu Marcel Gossio, Yapo Atsé Benjamin, Koudou Jeannette…), la réintégration de plusieurs dizaines de proGbagbo dans l’administration (Kadet Bertin, Michel Gbagbo…), le paiement de rentes viagères (feu Aboudramane Sangaré…) et d’émoluments d’anciens députés (Lorougnon Odette, Akoun Laurent, Touré Masseni…).

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Par la négociation, sans avoir eu besoin d’appeler les ivoiriens à descendre dans les rues pour manifester leur mécontentement, le président Affi a méthodiquement obtenu une CEI bien meilleure que celle de Youssouf Bakayoko, même si pour l’heure, comme toute œuvre humaine, elle reste encore perfectible.

Altruiste, et pas égoïste pour un sou, avec l’arme du dialogue politique il offre l’opportunité aujourd’hui au PDCI de faire son entrée au bureau centrale de la CEI et dans toutes les CEI locales. Cela aura pour effet de rééquilibrer davantage les rapports de force au sein de cette institution si décriée.

C’est dans cet élan du dialogue politique qu’à la CPI il a récemment demandé aux avocats de l’Etat de Côte d’Ivoire de renoncer à plaider pour le maintien en liberté conditionnelle de leurs concitoyens. Et c’est dans cette même dynamique qu’il a entrepris de convaincre le gouvernement de laisser Gbagbo Laurent et Charles Blé Goudé retourner dans leur pays.

La démarche du président Affi démontre aux plus sceptiques que la négociation est en politique l’arme une arme puissante et qu’on peut presque tout obtenir par cette voie, et ainsi éviter une effusion de sang, voire des pertes en vie humaine.

C’est cette même logique du dialogue politique qui a permis à Ouattara d’être candidat en 2010, à titre exceptionnel, alors que la constitution ne le lui permettait pas (dixit Tia Koné, accords de Marcousis et Yao Paul Ndré). C’est donc par cette même voie, si les illuminés (tels Habiba et Lida) ne sabotent pas encore par leur aveuglement et leurs enfantillages les initiatives du président du FPI, que Gbagbo et Blé auront les meilleures chances de revenir auprès des leurs et, pourquoi pas, de participer au jeu politique.

Alors que le RHDP voulait instituer une caution de 200 millions pour quiconque voudrait se porter candidat à la présidentielle au lieu des 20 millions actuels, le président Affi, qui lui proposait un maximum de 50 millions FCFA et  la réduction à 5 % du taux de suffrage requis pour le remboursement du cautionnement, au lieu de 10% actuellement, a encore eu gain de cause, sans pour autant avoir mis la vie et la liberté d’autrui en danger.

De même, tandis que le RHDP défendait lors du dialogue politique l’idée d’un parrainage par une centaine d’élus, ce qui risquait de compromettre toute candidature de personnes (en dehors notamment du PDCI ou du RHDP) n’ayant aucun élu ou en ayant très peu (comme le FPI, Lider, Soro, ou des indépendants…), le président Affi a pu obtenir l’introduction d’u. parrainage du candidat à l’élection présidentielle par 1 % des électeurs dans au moins 50% des régions et districts. C’est une victoire non négligeable pour toute l’opposition.

En définitive, c’est grâce à son sens élevé du dialogue (avec ses adversaires politiques), sa grande ouverture d’esprit, son incroyable humilité et la remarquable retenue dont il a su faire preuve, en dépit des incessantes attaques à son endroit qu’aujourd’hui, contre toute attente, le FPI est progressivement en train de retrouver son unité. Pour arriver à cet objectif le président Affi a accepté d’avaler de nombreuses couleuvres et finalement de sacrifier de son poste de président légal du FPI pour celui de 1er vice-président. Ce don de soi montre à ceux qui pourraient en douter plein et entier engagement en faveur l’unité du parti. Étape préalable pour la reconquête victorieuse du pouvoir. Chapeau bas.

En conséquence de tout ce qui précède, il y a de quoi féliciter le président Affi, ce chantre du dialogue républicain vrai et de la paix inclusive. Il doit en dépit des esprits chagrins et belliqueux demeurer dans cet état d’esprit car c’est à la décrispation de l’atmosphère politique qu’aspirent la très grande majorité des populations qui, en réalité, ne demandent qu’à vivre ensemble, dans un environnement apaisé, développé et de justice sociale équitable.

ce leader politique force le respect par sa maturité à toute épreuve. Il n’y a donc aucune raison pour que ceux des ivoiriens qui aspirent à être gouvernés par un homme de consensus et de paix ne le soutiennent pas contre les politiciens rambos, flagorneurs, démagogues, gueulards et les extrémistes de tous bords.

C’est en portant un tel homme à la magistrature suprême que notre pays mettra à la retraite politique les revanchards, les haineux et renaîtra paisiblement de ses cendres pour relever les importants défis de la lutte contre le chômage, la pauvreté, les communautarismes et la mauvaise gouvernance.

Ainsi ai-je parlé.

Jean Bonin
Juriste
Citoyen ivoirien

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