COVID19 est bien plus qu’une simple crise sanitaire. Ce virus teste notre humanité.
Parce que nous continuons de découvrir tous les jours, la portée des dommages que le virus provoque, il n’est pas possible aujourd’hui de tirer des conclusions sur ce qui constitue la première pandémie de notre jeune siècle.
Non seulement ce que nous disons aujourd’hui pourrait être totalement obsolète dans 15 jours, mais pire, rien ne nous permet de prédire quand sera la prochaine vague déjà annoncée.
A ce stade nous ne pouvons que faire quelques constats, majoritairement amers, mais en réalité ils ne surprennent pas.
COVID19 nous éduque sur la fragilité de la science dite infaillible et des à priori d’invincibilité de la race humaine.
COVID19 vient battre en brèche les affirmations arrogantes des grands de ce temps qui se retrouvent bien petits avec leurs caravanes de « meilleurs scientifiques du monde, meilleurs médecins, meilleurs virologues, meilleurs spécialistes du monde ».
COVID19 nous montre tous les jours combien les dirigeants du monde n’ont plus, à moins d’utiliser la force brutale ou toute autre forme de coercition, d’emprise sur les populations qu’ils dirigent. Ayant perdu leur autorité morale, leur crédibilité, empêtrés dans des scandales qu’ils ont du mal à dissimuler tant leurs tiroirs en sont pleins, ils ne peuvent se faire entendre parce que nous ne les croyons plus. Même quand ils nous disent la vérité.
COVID19 nous donne de vivre en direct les hésitations, les ordres et les contre-ordres des premiers de la classe, ces personnes dont certains reconnaissent maintenant qu’ils manquaient de clairvoyance. Ça en devient même gênant.
COVID19 occasionne au quotidien des exemples de défiance civique où les jeunes et les moins jeunes se voient en héros sitôt qu’ils peuvent braver les consignes ou en découdre avec les forces de l’ordre.
Le constat est douloureux, mais il ne surprend malheureusement pas.
Nous savions tous que notre monde ne tournait plus rond et ce depuis trop longtemps, mais nous faisions comme si rien ne se passait.
Nous avons construit des idoles, des dieux qui ne nous servent plus à rien et soudainement, nous retrouvons la pertinence de ce que sont les valeurs et les principes que jamais, nous n’aurions dû fouler au pied.
Aucun pays n’était prêt avec une réponse sanitaire appropriée face à une attaque de cette ampleur. Nous l’avons découvert avec stupeur. Pour nous Africains, nous étions convaincus dès le début de la crise, que notre continent n’aurait pu faire face. D’ailleurs comment pourrait-il l’être. L’Afrique d’aujourd’hui ne peut même pas faire face aux défis les plus simples des soins de santé primaire.
Pas par manque de moyens, mais à cause d’une cascade de mauvaises priorités et de décisions discutables, quand les esprits sont tournés vers les seuls grands indices en macro-économie, quand l’éducation, la santé, le bien-être des populations ne sont que des annexes, quand la corruption, la mauvaise gouvernance, les mauvaises pratiques ne sont pas considérées pour ce qu’elles sont en réalité c’est-à-dire des virus haineux.
Malgré tout ça, ne jetons pas la pierre à nos seuls dirigeants qui sont évidemment les premiers responsables. Ils ont besoin d’aide. Il faut les aider, parce que lorsqu’ils échouent, nous aussi nous échouons.
De plus, je pense humblement que chacun de nous, à son niveau, porte une part de responsabilité dans ce que nous vivons.
Une opportunité insoupçonnée se dessine pour l’après-coronavirus.
Nous ne pouvons pas envisager qu’à l’issue de cette crise, tout soit comme avant. Sinon, nous n’aurions rien appris. Et ce ne serait profitable ni pour les uns, ni pour les autres.
Une Afrique saine, émancipée, responsable, prospère et compétitive est possible, mais il faut un changement de plusieurs de nos paradigmes. Aux seules matières de compétences techniques qui restent essentielles, il est important et il est devenu urgent d’ajouter l’empathie, la considération de l’autre, l’honnêteté, l’exemplarité, la discipline, le sens du devoir. Aux seuls indicateurs en macro-économie, il faut adjoindre d’autres indicateurs qui évaluent et stimulent notre capacité d’innovation, de recherche de solutions à somme positive, de renouvellement, de qualité de relations inter-personnelles, etc…., toutes choses qui contribuent au bien-être des populations, en mettant l’homme au début et à la fin de toutes initiatives de développement.
L’épanouissement de l’Afrique passe par l’émergence d’une masse critique de personnes capables de créer l’engagement et de mobiliser les énergies pour les grandes causes, de susciter le sens de la responsabilité et d’inspirer l’envie d’arriver à l’excellence, par le travail et la discipline.
Dans sa marche vers son développement, l’Afrique ne peut plus avancer dans les sentiers où il lui est ordonné de courir. Elle le voit bien, ces sentiers ne l’amènent pas là où sont les solutions pour ses populations.
Son seul défi est d’être enfin à la hauteur de ses potentialités, en commençant à agir crânement par elle-même et pour elle.
Pour faire de son poids démographique et de la vitalité de ses populations, les atouts de son émergence, elle est capable de se construire des modèles de croissance authentiques, qui répondent à ses réalités.
Les évènements le lui suggèrent fortement aujourd’hui : l’Afrique peut montrer la voie pour l’édification d’une nouvelle ère en bâtissant consciemment sur son savoir propre, sur son histoire voilée, sur ses connaissances endogènes, sur ses valeurs qui sont plus soucieuses de l’équilibre nécessaire entre la performance, le bien commun et la dignité de chacun.
C’est là que se dessine de plus en plus clairement aujourd’hui, l’opportunité du continent.
Rédigé par Gilles Atayi
Group Managing Partner
Président de Afrique Consciente