J’aurai voulu me résoudre à m’interdire à vous écrire par le biais de cette lettre ouverte, mais vous conviendrez avec moi que je n’en avais d’autre choix, en raison de la lourdeur administrative et des espiègleries de réceptions de vos services si j’avais sollicité une audience.
En effet, depuis quelques semaines, l’on assiste à la levée de boucliers dans certains partis politiques, ainsi que des joutes oratoires, malicieusement animées par des mouvements politiques ou des politiciens par des journaux interposés, alimentent le lot quotidien de nos populations.
Face à cette hausse de la voix qui est parfois tintée de discourtoisie, d’invectives et même d’une vulgarité incommodante, je ne pouvais pas rester de marbre. Cette situation délétère fait naitre en moi de légitimes appréhensions et auprès de l’ensemble de nos concitoyens des sentiments de perpétuelle crainte et d’angoisse, laissant apparaitre la résurgence d’un émiettement de la fragile cohésion sociale entretenue et de la dégradation programmée de la paix existante.
Monsieur le Médiateur de la République,
Est-il besoin de rappeler que votre fonction de médiateur de la République est garantie par la Constitution de la 3e République de Côte d’Ivoire, qui vous consacre autorité administrative et indépendante, chargée d’assurer non seulement la médiation entre l’administration et les administrés, mais également de porter les doléances des citoyens, des usagers ou des consommateurs.
Bien que vous soyez nommé par le Président de la République après avis du Président de l’Assemblée Nationale (en principe), vos fonctions sont incompatibles avec l’exercice de toute fonction politique. Ce qui implique et renforce vos qualités d’indépendance, de défenseur des Droits, de protecteur du citoyen et de défenseur du peuple. Cette fonction de Médiateur de la République est donc perçue comme un mécanisme favorisant et facilitant le fonctionnement des pratiques de la démocratie et de l’Etat de droit.
Fort de ce qui précède, je me crois le droit de nous inviter à rencontrer, dans un bref délai, toutes les forces vives de la Nation afin d’échanger sur les voies et moyens à mettre en œuvre pour ramener un climat apaisé et serein.
Monsieur le Médiateur de la République,
Je voudrais croire en votre haut sens de l’Etat afin de rassembler les gouvernants, la société civile, les hommes politiques, les mouvements et partis politiques au pouvoir et de l’opposition, autour d’une plateforme d’échanges et de concertation. La recherche du dialogue par des échanges francs, honnêtes et responsables devrait, je le pense, aboutir à chasser les démons de la division, de la mésentente et de l’incompréhension.
Je voudrais vous interpeler au regard de l’histoire récente de notre pays et votre responsabilité devant nos générations futures.
Convaincu de votre chauvinisme sans faille, je vous remercie de votre aimable attention.
Patrick KROU
Journaliste-écrivain
Président du club «Les Amis de la Paix »