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Si le feu après sa découverte ne servait pas à cuire les aliments et à réchauffer le corps humain, je l’aurais traité de parent très proche et très intime du démon. Car le feu qui a, incandescence après incandescence pris son temps pour consumer et défigurer la cathédrale « Notre Dame » de Paris, désormais d’Europe et certainement du monde entier, a usé d’un acharnement qui donnait l’impression d’un règlement de compte avec cet édifice religieux vieux de 850 ans.
Devant ce spectacle qui a su attiser la tristesse de tous les humains à la surface de la terre, les français principalement, premières victimes de ces flammes au filament brûlant, portaient visiblement une autre souffrance. Celle d’employer un mot tirer du vocabulaire français, capable de traduire avec commisération, la situation qui est la leur, la nôtre. A part les mots « désolé » et peut-être « prions » qui ont dû être utilisés abondamment et « abusivement » par les uns et les autres, avec la tare sémantique qu’ils ne restituent pas à mon avis toute la charge du ressenti qui est vécu différemment d’une personne à l’autre ; cette gêne d’ordre linguistique, n’a pas manqué de me « distraire ».
Heureusement que l’épanchement des larmes qu’on pouvait voir brillé d’un badaud à l’autre, en tant que langage corporel, apportait, en signe de solidarité, son sceau d’eau en vue de circonscrire la dramaturgie de la scène. Mais le réconfort était-il à son maximum ? Car les groupes de mots : mes sincères condoléances et mes sincères regrets, dans le contexte précis, sont eux aussi de mon humble point de vue, incapables d’éteindre notre affliction. Pourtant en Côte d’Ivoire et peut-être ailleurs dans la sous-région Ouest africaine, l’utilisation du seul mot « Yako », qui possède un génie sémantique au dynamisme infini, aurait été adéquat pour traduire nos sentiments et nos émotions quelles que soient les circonstances. Ce mot dont l’usage et la compréhension ont été nationalisées tacitement par les ivoiriens, est opportun en cas de deuil, comme en cas d’échec.
Autre fait notable, sa petite taille qui culmine à quatre lettres, lui permet de trouver de la place dans tous les cas de figure ou la solidarité humaine doit se manifester à l’égard de son prochain. En réponse aux esprits malin qui disent : « comment une église, qui est par excellence et par croyance un haut lieu de la spiritualité chrétienne, la maison de Dieu, peut-elle brûlée sans que le tout puissant n’ait eu le temps et le moyen pour anticiper la survenue de cet évènement ? On remarquera que ces mêmes esprits, lorsque Jésus parcourait sa passion, il s’est trouvé des gens pour dire : « s’il est ce qu’il prétend être, à savoir Dieu, pourquoi ne se sauve-t-il pas lui-même » ? Pour réponse magistrale, trois jours après son ensevelissement, Jésus ressuscita d’entre les morts. D’ici là que le mot « Yako » intègre de plein pied le dictionnaire français si ce n’est déjà fait, Notre Dame de l’Univers, avec l’élan tous azimuts qui vient de s’emparer de son destin, va ressusciter à l’issue de la reconstruction qui semble voulue par le monde entier !
Vive la semaine sainte !
KONE KOBALI
Libre auteur, créateur