7info.ci s’est entretenu avec le Lt/Col Assiri Tano Maximin, Directeur départemental du ministère des Eaux et forêts de Danané . Il fait du reboisement son cheval de bataille sans toutefois manquer de mener la lutte contre le sciage à façon.
Combien d’agents vous reste-t-il et quelle est votre zone de compétence?
Je couvre deux départements à savoir Danané et Zouan-Houin. Nous avons deux cantonnements: celui de Danané qui couvre Daleu, Mahanpleu et Koulinlé et Zouan-Hounien qui couvre Teapleu et Bin-Houyé. Nous avons 66 agents mais avec la mutation qui vient d’ intervenir, nous avons aujourd’hui 45 Agents.
Quel est l’état des lieux des forêts classées et villageoises dans la zone sous votre contrôle?
En fait, les forêts classées sont gérées par la Sodefor mais les Eaux et forêts ont un regard sur les six forêts classées puisque la Sodefor est sous tutelle du ministère des Eaux et forêts donc, c’est avec la Sodefor que nous pouvons avoir les réelles statistiques. Mais, la direction départementale couvre cinq forêts classées dont trois à Danané et deux à Zouan-Hounien.
En général, toutes les forêts classées de la Côte d’ Ivoire sont infiltrées mais, il y a eu une opération de déguerpissement dans les forêts classées à Danané c’est-à-dire le mont Momi et la forêt classée de Teapleu. Pour le moment, nous pouvons dire que grâce à toutes ces opérations qui sont menées par la SODEFOR et d’autres forces vives ont permis de déguerpir les clandestins.
Selon les indiscrétions, le phénomène de sciage à façon a pris de l’ampleur dans la région. Que faîtes-vous face à ce fléau ?
Il faut dire que, c’est un fléau qui mine la forêt ivoirienne et les agents des eaux et forêts font de cette lutte, un combat quotidien. Il y a eu même un décret présidentiel concernant ce fléau. Il est difficile de les prendre à l’ hameçon parce que les scieurs ont adopté un autre système, celui de scier nuitamment mais, nous faisons l’effort avec les moyens mis à notre disposition par notre ministère afin de le diminuer. Mon souhait, réduire l’activité des scieurs. En ce moment, nous sommes en saison pluvieuse, nous avons des difficultés par rapport à la dégradation très avancée des pistes. Mais, dans ce sens encore le ministre a doté nos postes de deux motos qui nous permettent d’être plus opérationnels. Notre objectif, c’est de réduire le sciage à façon. Dans le mois d’avril, nous avons traduit un scieur à la justice pour montrer aux populations que ce fléau met à mal nos forêts.
En plus de cette action de lutte contre le sciage à façon qu’elles autres actions menez-vous pour restaurer le couvert forestier ?
Normalement, tout forestier doit se baser sur le reboisement. C’est le reboisement qui va nous permettre d’atteindre les objectifs de 20% pour que le pays soit un pays forestier. Mais, nous avons un souci, celui de la disponibilité des terres et nous faisons des sensibilisations avec l’appui de la mairie et de la préfecture.
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Au niveau de Danané, nous avons 15 milles plants en pépinière et 4 milles à Zouan- Hounien. C’est au total 19 milles plants et nous faisons la sensibilisation auprès des villageois et des personnes physiques pour avoir les terres disponibles. Je vous annonce que cette année, nous avons 25 hectares disponibles dont 3 hectares à l’hôpital de Danané que nous reboisons et le lancement est prévu si possible le 7 Août.
Quelles sont les grandes lignes de la nouvelle politique forestière?
La nouvelle politique est salutaire surtout qu’il y a la question de changement climatique aujourd’hui qui est un problème mondial. Je pense que cette nouvelle politique forestière enclenchée par le ministère est la bienvenue. On parle de l’agro foresterie qu’ il faut accentuer. C’est pourquoi, nous sensibilisons les parents pour dire qu’ aujourd’hui, s’il n’y a pas de forêt, l’agriculture va prendre un coup. Il y a aussi le projet forêt-cacao qui est aussi lancé. C’ est une bonne politique parce qu’après 30 ans, les eaux et forêts ont été dotées de moyens de déplacement. Donc 30 ans après, en 2018, nous venons d’être dotés de moyens, c’est une satisfaction totale pour les agents des eaux et forêts que nous sommes. Le ministre a joué sa partition et le reste nous appartient. Mais, la question de la forêt n’est pas seulement le problème des forestiers, il faudrait que tout le monde joue sa partition parce que planter un arbre est capital dans la vie d’un homme.
Interview réalisée par
Olivier Dan, Correspondant Ouest