Seuls dans le combat contre le djihadisme sur son territoire. C’est la situation vers laquelle court le Mali. Avec l’officialisation du retrait des troupes françaises, les autres pays engagés avec Paris dans cette lutte expriment leur scepticisme à continuer.
La première réticence vient de l’Allemagne. Depuis Bruxelles, Christine Lambrecht, la ministre de la Défense de ce pays, a dit son inquiétude à prolonger maintenant que la France n’est plus engagée au Mali. « Nous avons pris connaissance de la décision de la France de quitter le Mali et de mettre fin à son engagement là-bas, ce qui a bien sûr des répercussions sur les partenaires », a-t-il fait savoir non sans indiquer que son pays est « sceptique quant à la possibilité de prolonger le mandat ».
Le mardi 15 février 2022 déjà, Christine Lambrecht mettait en doute le maintien des forces de son pays, évoquant le recours des Maliens aux militaires russes. « L’idée que des soldats maliens soient entraînés par nos femmes et nos hommes à l’EUTM et coopèrent ensuite avec des mercenaires russes est impensable », soutenait-elle. L’Allemagne est engagée au Mali sur deux opérations, à savoir la Mission de formation de l’Union européenne au Mali (EUTM) qui comprend 328 soldats allemands et la MINUSMA avec 1 170 soldats.
Avant l’Allemagne, le Danemark avait aussi maille à coopérer avec Bamako. Les autorités de la transition avaient insisté et obtenu le retrait des forces spéciales danoises engagées dans la Task force Takuba. La junte avait avancé n’avoir pas été informée du déploiement de cette troupe sur son territoire. Un peu plus de 100 soldats des forces spéciales danoises étaient engagés dans cette force d’unités spéciales.
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L’ONU également n’est pas indifférente à la décision du retrait des troupes françaises. Selon Olivier Salgado, son porte-parole, « Il y aura forcément un impact » pour la mission onusienne au Mali. Toute chose qui nécessite une réadaptation du fonctionnement de la MINUSMA. « Nous prendrons les dispositions nécessaires pour nous adapter au nouveau contexte en vue de pouvoir poursuivre la mise en œuvre de notre mandat », a-t-il dit.
L’Union européenne quant à elle parle de vérification des conditions d’un maintien de ses missions de formation dans le pays. « J’ai envoyé une mission au Mali afin de vérifier avec les autorités maliennes sous quelles conditions et sous quelles garanties nous pourrions envisager la possibilité de garder ou de ne pas garder notre travail de mission de formation. La réponse viendra dans les prochains jours », a fait savoir Josep Borrell, le chef de la diplomatie européenne.