« Le peuple sénégalais a démontré que c’est à lui que le pouvoir appartient », ou encore « c’est la parodie du 3e mandat qui a pris un sérieux coup sur la tête ». En Côte d’Ivoire, la décision du président Macky Sall de ne pas briguer un autre mandat est diversement appréciée.
Macky Sall, le président du Sénégal ne veut pas d’un troisième mandat. Dans son adresse à la nation du lundi 3 juillet 2023 soir, le dirigeant sénégalais a indiqué qu’il ne sollicitera pas un autre quinquennat à la tête de son pays. Une décision qu’il dit prendre au nom du « code d’honneur » même si la constitution lui accorde le droit de se présenter pour « un second quinquennat ».
En Côte d’Ivoire, pays voisin dans l’espace CEDEAO, la classe politique a suivi avec intérêt l’adresse du président sénégalais mais également le développement de la situation sociopolitique du Sénégal qui a précédé la décision de Macky Sall. Pour certains acteurs politiques, le retrait du président sénégalais a été provoqué.
« C’est sous la pression du peuple sénégalais qu’il a cédé. Les violences qui ont émaillé le Sénégal ces derniers temps l’ont poussé à revoir ses ambitions. Il n’avait pas d’autre choix que de renoncer à ce troisième mandat. Le peuple sénégalais a donc démontré que c’est à lui que le pouvoir appartient », commente Dr Juvénal Kouakou, un membre du bureau politique du PDCI-RDA, joint par 7info.
« Je salue le peuple sénégalais qui par sa détermination a fait reculer le président Macky Sall. Mais que le peuple ne baisse pas les bras, qu’il demeure vigilant parce-que nous sommes en Afrique où les présidents disent une chose et après ils disent une autre chose, surtout concernant les troisièmes mandats », renchérit Guillaume Kamé Kamé, un cadre du PPA-CI, le parti de Laurent Gbagbo.
Début juin 2023, après l’annonce de la condamnation de l’opposant Ousmane Sonko, le Sénégal a vécu des troubles sociales. Des heurts entre manifestants pro Sonko et les forces de l’ordre ont paralyser plusieurs villes dont Dakar la capitale. Et occasionné la mort d’au moins seize personnes. En plus du motif de condamnation de Ousmane Sonko, d’autres manifestants justifiaient leur présence dans les rues par un désir de dénoncer une volonté de troisième mandat du président sortant.
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Pour ce retrait, le président sénégalais évoque un « code d’honneur ». Un principe important pour l’Union républicaine pour la démocratie, URD de l’ex-ministre Danièle Boni-Claverie.
« A l’URD, nous saluons la lucidité et le sens de la responsabilité du président Macky Sall, qui, dans son discours à la nation dans lequel il a annoncé qu’il ne briguerait pas un 3e mandat, a fait référence à son sens de l’honneur et de la parole donnée. Je dois dire que nous sommes sensibles à ce dernier argument du caractère sacré de la parole donnée. Alors que les hommes politiques africains et ivoiriens en particulier n’hésitent pas à se renier au gré d’intérêts opportunistes », réagit l’ex-ministre de la Communication, joint par 7info.
Selon elle, « c’est la parodie du 3e mandat qui a pris un sérieux coup sur la tête et il sera dorénavant difficile aux dirigeants d’utiliser cette voie anticonstitutionnelle pour tenter de se maintenir au pouvoir ». Pour Danièle Boni-Claverie, il reste désormais que le président sénégalais sache préserver la paix dans son pays en laissant la possibilité à tous les opposants de pouvoir se présenter à l’élection présidentielle de 2024.
« C’est ainsi que je pense sincèrement que le Sénégal redeviendra ce phare démocratique qui doit éclairer encore bon nombre de pays africains », souhaite-elle.
Richard Yasseu