Le colonel Assimi Goïta à la même table que les autres chefs d’État de la CEDEAO ? Une invitation lui a été adressée par l’organisation sous régionale pour participer à un sommet extraordinaire.
Le regard jusque-là porté sur eux semble avoir changé. Suspendue par toutes les instances africaines, la junte au pouvoir au Mali paraît désormais fréquentable. Dans un courrier adressé au ministère des Affaires de ce pays, la commission de la CEDEAO invite le colonel Assimi Goïta à prendre part au prochain sommet extraordinaire des chefs d’État de la sous-région ouest-africaine prévu le vendredi 25 mars 2022.
Est-ce le dégel des relations avec Bamako ? Dr Geoffroy-Julien Kouao, un politologue et écrivain ivoirien le pense. « La CEDEAO fait amende honorable. Ses sanctions contre le Mali étaient extrêmement impopulaires et violaient ses propres dispositions. Par ailleurs, le Mali a su faire preuve de résilience et les effets des sanctions sont ressentis dans certains pays de la CEDEAO où on constate l’inflation sur le prix de la viande, par exemple. Le Mali s’est tourné vers le port de Nouakchott, en Mauritanie au détriment des ports de Dakar et d’Abidjan. De ce qui précède, la CEDEAO ne pouvait que faire profil bas », analyse le spécialiste ivoirien pour 7info.
Les relations entre la CEDEAO et le Mali ont pris un coup depuis 2020 avec deux coups d’État militaires successifs, dont celui qui a renversé feu le président Ibrahim Boubacar Kéita. L’avènement au pouvoir des militaires et la volonté de ces derniers de faire une transition de 5 ans n’était pas du goût des chefs d’État de la CEDEAO. Le 9 janvier 2022, l’organisation sous-régionale réunie à Accra décidait de l’imposition d’un embargo sur le Mali. Une décision à laquelle les autorités maliennes ont réagi par la réciprocité.
Pour Dr Geoffroy-Julien Kouao, il faut se demander si les militaires maliens accepteront de se rendre à ce sommet qui se tient hors de leur territoire. « Maintenant, est-ce que Assimi Goïta se rendra lui-même au sommet de la CEDEAO ? En Centrafrique, Michel Djotodia se rendait à une invitation des pays de l’Afrique centrale lorsque son avion a atterri à Cotonou. Il a été remplacé par un gouvernement de transition. Comparaison n’est pas raison, espérons que le Mali retrouve la grande famille ouest-africaine », fait-il savoir.