Plus rien ne va entre Bamako et Paris. Les relations entre ces deux capitales continuent de se dégrader avec l’annonce de l’expulsion de l’ambassadeur français par les autorités de la transition au Mali. Une décision qui pourrait avoir des conséquences.
Avec les derniers et successifs coups d’État perpétrés dans le pays, l’appréciation du Mali n’est guère reluisante à l’extérieur. Les militaires nouveaux maîtres au pouvoir se sont mis à dos des organisations de pays sous-régionales et mondiales, notamment la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO), l’Union africaine (UA) et l’Union européenne (UE). Ces relations avec les autres pays, surtout la France, viennent d’être dégradées avec la déclaration persona non grata de l’ambassadeur français par la junte malienne.
Mais cet acte n’est pas la goutte d’eau qui va faire déborder le vase, estime Seidick Abba, journaliste-écrivain et analyste des questions africaines. Pour lui, les relations entre la France et son ex-colonie se sont dégradées depuis l’annonce de la suppression de la force Barkhane, engagée dans la lutte contre les jihadistes au nord Mali.
« Depuis que la France a décidé en juin 2021 de supprimer la force Barkhane, les autorités maliennes ont vivement agi en parlant d’abandon en plein vol du Mali par la France. Cette expression a été utilisée en septembre 2021 par le Premier ministre de Choguel Maïga à la tribune de l’Organisation des Nations unies (ONU). Depuis lors, les relations entre les deux pays ne se sont pas améliorées. En octobre, l’ambassadeur de France à Bamako a été convoqué par les autorités maliennes pour se faire remarquer les propos inamicaux du président Emmanuel Macron. Ensuite, il y a eu d’autres épisodes : l’arrivée de Wagner que la France n’a pas apprécié. Et il y a l’épisode de la force Takuba où le Mali a demandé au Danemark de partir. Il y a des incompréhensions et le départ de l’ambassadeur de France de partir est un nouveau front. Mais on ne peut pas dire que c’est la goutte d’eau qui va faire déborder la vase. La junte a un soutien populaire à la fois à l’égard de la France et à la fois à l’égard de la CEDEAO. Une grande partie du peuple malien semble soutenir la junte, ce qui lui donne les coudées franches », analyse-t-il pour 7info.
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Pour l’expert des questions africaines, Bamako et Paris vont continuer d’entretenir des relations tendues.
« Je pense que les relations entre le Mali et la France vont continuer de se dégrader. On est sur un chemin passionnel. Les autorités françaises ne retiennent pas leur langue. Elles tiennent des propos qui peuvent être blessants. Les militaires maliens qui écoutent leur opinion publique disent que ce n’est plus le temps du colonialisme ou du néocolonialisme. Je ne serai pas surpris que la junte demande le retrait des forces françaises du Mali », craint-il.