Dans un communiqué daté du mercredi 16 mars 2022, le gouvernement malien annonce la suspension jusqu’à nouvel ordre de la diffusion de RFI et France 24 sur son territoire. Une réaction à ce qu’elle appelle de « fausses allégations contre les vaillantes FAMa ».
Par cette décision, Radio France Internationale (RFI) et la chaîne de télévision France 24 sont momentanément persona non grata sur le territoire malien. Mais qu’est-ce qui a mis le feu aux poudres ? Bamako reproche à ces médias la divulgation de fausses allégations faisant état d’exactions commises par les Forces armées maliennes (FAMa) contre des civils, de violation des droits de l’homme et du Droit international humanitaire. Des accusations « sans fondement » qui ont été diffusées courant le mois de mars 2022 mais à différentes occasions.
La première date du 08 mars à Genève, à l’occasion d’une déclaration de Michelle Bachelet, Haute commissaire des Nations Unies aux Droits de l’homme. « J’exhorte à nouveau les autorités maliennes à briser le cycle de l’impunité et à mener des enquêtes rapides, approfondies, impartiales et efficaces sur toutes les allégations de violations des droits de l’homme et atteintes à ces droits, y compris celles commises par l’armée », déclarait déjà le 29 juin 2021 à Genève, la responsable des Droits de l’homme aux Nations Unies.
Par la suite, le 14 mars 2022, dans un reportage, RFI aurait donné la parole à des victimes présumées d’exactions qui auraient été commises par l’armée malienne et le groupe russe Wagner. Un angle de traitement de l’information qui n’a pas été du goût du gouvernement d’Assimi Goita.
Pour terminer, un rapport de Human Right Watch, publié le 15 mars, faisait état d’une « vague d’exécutions de civils » et de pillages opérés par les FAMa et les djihadistes, faisant « au moins 107 morts civils » depuis le mois de décembre 2021. Autant de faits qui portent à croire en tout cas pour la junte malienne au pouvoir, qu’une cabale préméditée viserait à déstabiliser la Transition, démoraliser le peuple et par la même occasion discréditer l’armée.
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Selon le communiqué du gouvernement malien, ces agissements de RFI et France 24 ressembleraient trait pour trait à ceux joués par la radio ‘’Mille collines’’ dans le déclenchement du génocide au Rwanda en 1994.
En attendant que la situation ne revienne à la normale, interdiction a été faite aux radios et télévisions nationales, aux sites d’informations et journaux maliens de relayer des informations de ces deux grands médias étrangers d’informations.
Pour rappel, le torchon brûle entre la France et le Mali depuis plusieurs mois. Pour preuve, la demande faite à l’ambassadeur de France au Mali de quitter le territoire et le retrait des troupes de la force Barkhane du Mali. La suspension de diffusion de RFI et France 24 est donc une suite logique de ce désamour.