Soumaïla Cissé, finaliste malheureux de la dernière élection présidentielle malienne, a-t-il laissé passer sa chance de conquérir le pouvoir ? Le patron de l’URD, qui se rêvait en opposant en chef au président Ibrahim Boubacar Keïta, voit les désistements se multiplier au sein de sa garde rapprochée. Isolé, l’opposant peut-il encore peser dans le jeu politique malien ?
Les proches de Soumaïla Cissé quittent le navire URD un à un pour répondre aux sirènes du pouvoir et aux appels du pied de la majorité. Les défections se multiplient ces dernières semaines à un rythme vertigineux. Revue d’effectifs des anciens soutiens du candidat à la présidentielle désormais rangés du côté d’IBK.
Le plus médiatique d’entre eux, même s’il ne s’agit pas du plus proche, est incontestablement Ras Bath. L’animateur de radio, autoproclamé voix de la jeunesse malienne, avait soutenu Soumaïla Cissé au cours de la campagne présidentielle. Mais l’appel du pouvoir a été trop fort, et Ras Bath s’est depuis sagement rangé du côté présidentiel.
Du côté de ceux que l’on croyait viscéralement attachés à Soumaïla Cissé, la fuite est tout aussi notable. Son directeur de campagne lors de la présidentielle, Tiébilé Dramé a été nommé ministre des Affaires étrangères au mois de mai. L’ancienne adjointe de ce dernier, Kadidia Fofana, s’est elle-aussi rangée au camp présidentiel. Tout comme celui qui a longtemps été le conseiller spécial du patron de l’URD, Oumar Hamadoun Dicko, nommé ministre du Travail.
Aujourd’hui, Soumaïla Cissé est seul. Le capital acquis tout au long de sa carrière et au cours de la présidentielle s’est évanoui, notamment depuis qu’il a accepté le principe d’un second tour (que tout le monde savait perdu d’avance) alors que l’ensemble de l’opposition appelait à boycotter un scrutin marqué par de nombreuses irrégularités.
Usé, lâché par ses proches, l’avenir politique du patron de l’URD s’assombrit. Ses fidèles mêmes ne semblent plus voir en lui une solution d’avenir pour l’alternance au Mali, et son parti ressemble de plus en plus à une coquille vide, laissant le champ libre à des formations politique plus dynamiques comme le RPDM, FARE, ou ADP-Maliba.
Stéphane DATHE