Continent

Mali, l’armée réfute toute implication djihadiste dans la collision des deux hélicoptères ayant tué 13 militaires français

Mis à jour le 29 novembre 2019
Publié le 29/11/2019 à 12:42 , , , , , ,

Lundi 26 novembre, deux hélicoptères transportant 13 soldats français sont entrés en collision alors qu’ils appuyaient des parachutistes au sol, à Ménaka, dans le sud du Mali. Le groupe État Islamique (EI) a revendiqué sa responsabilité, se réjouissant d’avoir tendu une embuscade aux militaires français. Dans une interview à RFI, le chef d’état-major de l’armée française, François Lecointre, revient sur ces affirmations et dément fermement  l’implication des djihadistes dans l’accident. Par ailleurs, le décès des 13 militaires français fait resurgir des questionnements sur la légitimité de la présence des forces militaires françaises sur le sol malien.

« C’est absolument faux », a argué le général Lecointre. « Ce dont je peux absolument témoigner aujourd’hui, et je ne m’aventurerai jamais à aller dire quelque chose qui ne soit pas strictement vrai, c’est qu’il n’y a pas eu de tirs djihadistes sur nos hélicoptères », poursuit-il.

Le général Lecointre a expliqué qu’il s’agissait d’une opération très complexe nécessitant une très fine coordination des forces militaires. Or, cette coordination est rendue complexe par le combat, ce qui a entraîné la collision des deux hélicoptères. « Mais pour autant, il n’y a pas eu de prise à parti par les djihadistes qui étaient marqués au sol », a martelé le général Lecointre.

Selon l’armée française, les soldats avaient été appelés en appui des commandos parachutistes engagés contre des ennemis, dans une zone où la force antidjihadiste française mène régulièrement des opérations contre les groupes armés.

L’enquête suit son cours et les boîtes noires recueillies mercredi soir sur les lieux du sinistre seront examinées pour comprendre les circonstances du drame.  Aussi, le général Lecointre a déclaré que la France n’avait pas l’intention de se retirer du Mali et a lancé un appel fort aux partenaires européens.

Une position qui fait resurgir des questionnements sur la légitimité des forces militaires françaises sur le sol malien. Le « sentiment anti-français » se développe au Sahel où la présence française est perçue comme une volonté de faire main basse sur le pétrole, l’uranium et l’or au Nord du pays. On se pose la question de savoir si la France serait intervenue pour protéger les mines d’uranium de la multinationale (française) Orano. C’est d’ailleurs la théorie défendue depuis 2013 par l’Observatoire du nucléaire. Et pour cause, il y a des précédents en Irak et en Libye. Orano a exploité 2 167 tonnes d’uranium dans la région du Mali-Niger en 2018. Au Niger, le groupe a réalisé 110 millions d’euros (72 155 270 000 FCFA) de chiffre d’affaires en 2018.

Le général Lecointre a également réagi au micro de la RFI sur le sujet. « Je ne supporte plus toutes ces rumeurs, ces allégations et accusations mensongères qui font un mal absolument terrible (…) Imaginer que nous sommes là pour des richesses est injurieux » a-t-il conclu.

Malgré l’échec sécuritaire des opérations Serval et Barkhane, le chef d’état-major de l’armée française soutient que la présence des forces militaires a pour objectif d’aider les forces maliennes à endiguer la progression des groupes terroristes afin que le pays recouvre son intégrité territoriale et sa souveraineté. « C’est la stabilité de toute l’Afrique de l’Ouest qui est en jeu », appuie-t-il. Et c’est selon lui le devoir de la France de s’engager pour payer la dette des soldats maliens déployés en France lors de la Première Guerre Mondiale (1914-1918).

Quoi qu’il en soit, la perte des 13 soldats français est l’une des plus grandes pertes militaires depuis l’attentat contre le quartier général (QG) français Drakkar à Beyrouth, en 1953, qui avait fait 58 morts.

Une cérémonie d’hommage national, présidée par Emmanuel Macron, se tiendra le 2 décembre aux Invalides, symbole militaire abritant le tombeau de Napoléon Ier et accueillant d’anciens combattants et blessés de guerre.

Manuela POKOSSY-COULIBALY

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