Les militaires reprennent le pouvoir au Mali. Bah Ndaw et Moctar Ouane, respectivement président et le Premier ministre de la transition au Mali, ont été arrêtés le lundi 24 mai 2021 et conduits manu militari par des soldats à la caserne de Kati, près de Bamako. Des faits, qui interviennent quelques heures seulement après la formation d’un nouveau gouvernement.
Nouvelle intrusion de l’armée malienne sur la scène publique et politique. Tout est parti quelques heures après l’annonce le lundi 24 mai 2021, à la radio-télévision publique de la formation d’un nouveau gouvernement. Deux maillons essentiels de l’ancienne junte, les colonels Sadio Camara et Modibo Koné, respectivement ministre de la Défense et de la Sécurité ont été remplacés par le général Souleymane Doucouré et par le général Mamadou Lamine Ballo.
Il n’en fallait pas plus pour susciter le courroux des hommes en tenu, dirigés par le colonel Assimi Goïta. Les heures qui vont suivre, les militaires, sans coup férir, vont procéder à l’arrestation du président de la transition Bah Ndaw, et de son Premier ministre Moctar Ouane.
« Je confirme : des hommes de Goïta sont venus me chercher pour me conduire chez le président qui habite non loin de ma résidence », a indiqué le chef du gouvernement. Une fois à la résidence présidentielle, Moctar Ouane et le chef des lieux, seront conduits au camp militaire de Kati, où le général Souleymane Doucouré, fraîchement nommé ministre de la Défense et d’autres « collaborateurs » étaient déjà.
Le coup de force confirmé
Après une nuit passée dans le camp militaire, la situation va prendre d’autres tournures. Dans une déclaration à la télévision nationale, peu après la mi-journée, la junte fait savoir qu’elle a repris le contrôle du pays. Par l’entremise du commandant Baba Cissé, conseiller spécial du vice-président de la transition, elle annonce que les dirigeants de la transition sont « déchargés de leurs prérogatives ».
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C’est à Kati, ville « garnison’ » qu’est parti le mouvement de colère de militaires qui a sonné le glas le 18 août 2020, de la longue et riche carrière politique du président Ibrahima Boubacar Keïta (IBK). Bien avant le régime d’IBK, tous les coups d’État malien sont venus de cette ville située à 15 kilomètres de la capitale, Bamako. Modibo Keïta, père de l’indépendance, Moussa Traoré, Amadou Toumani Touré, ont tous subi la colère de soldats venus de cette commune. Si bien qu’aujourd’hui, une habitude a fini par s’installer chez les « katois » au point où, les populations de cette localité ont fini par s’habituer au fait que, tous les changements brusques de régime au Mali partent de chez elles.