Le Rubicon a été franchi. Selon les autorités maliennes, les forces françaises mènent des activités portant « atteinte à la souveraineté du pays » d’où la rupture des accords de défense d’avec le pays. Mais cette décision n’est pas sans conséquence.
Le Mali a simplement décidé de marcher désormais sans la France. Le pays a pris son destin militaire entre ses mains après la rupture définitive des accords de défense d’avec la métropole. Pourtant c’est bien Diocounda Traoré, le président par intérim en 2013, qui avait ouvertement demandé au président François Hollande d’intervenir afin de contenir l’avancée du terrorisme dans le nord du pays.
Mais depuis, l’eau a coulé sous le pont. Les alliés d’hier ne sont plus en odeur de sainteté, notamment avec la junte au pouvoir dirigée par Assimi Goïta. Mais cette rupture des accords de défense d’avec la France, après le départ de Barkhane, pourrait avoir des répercussions sur le peuple malien.
« Les conséquences sont politiques, diplomatiques et économiques. Il n’est pas de l’avantage pour le Mali de s’isoler en rompant ses accords avec les puissances étrangères sous lesquelles il se trouve aux Nations Unies. Il ne devrait pas non plus tourner le dos à la CEDEAO. On le voit déjà à travers les sanctions imposées par l’organisation sous régionale, le gel des avoirs, l’interdiction des transferts d’argent par exemple… Ce sont des conséquences difficiles pour les populations. Ce sont elles qui ne peuvent plus recevoir de l’argent. Les frontières sont fermées et c’est difficile pour les commerçants et les hommes d’affaires » rappelle à 7info, Koné David Mébra, spécialiste des questions internationales.
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La situation s’était déjà dégradée avec l’arrivée de Wagner au Mali. La force française sur place Barkhane, voyant ses intérêts menacés, a décidé de quitter le pays. La junte malienne a par la suite interdit les médias RFI et France 24 d’émettre sur son territoire, prétextant une manipulation de l’information. Cette décision de rompre les accords de défense est donc la suite logique des événements.
Mais selon Koné David Mébra, une solution peut être trouvée entre les parties.
« Les antagonistes doivent accepter de se rencontrer à nouveau, donner toute la chance de parvenir à un accord sur le principe du respect réciproque des États. Que la France comprenne que les États africains d’aujourd’hui ne sont pas ceux d’hier. Il faut donc avoir une approche raisonnable, car les autorités maliennes actuelles sont de la même génération que ceux de la France. Il faut donc comprendre que le contexte a changé, les intérêts aussi », a-t-il proposé.
Pour l’heure, la France n’a pas encore réagi face à cette décision des autorités maliennes.