Plus de relève jusqu’à nouvel ordre des contingents engagés dans l’opération de maintien de la paix au Mali, ont décidé les autorités locales. Ce choix suscite des interrogations quant à l’avenir de la MINUSMA, la mission onusienne dans ce pays.
Est-ce le signe annonciateur d’une volonté de mettre fin à la présence des Nations Unies sur le territoire malien ? Depuis le jeudi 14 juillet 2022, les militaires au pouvoir dans ce pays de l’Afrique de l’ouest ont annoncé qu’ils suspendent les rotations des contingents de la MINUSMA, la mission onusienne sur leur territoire, jusqu’à nouvel ordre. La décision, ont-ils précisé, s’applique également aux relèves déjà programmées au niveau de cette force.
Autrement dit, les troupes déjà présentes sur place au Mali devront compter sur elles-mêmes. De l’avis d’observateurs, c’est une décision de Bamako qui fait craindre pour l’avenir de cette mission onusienne dans le pays.
« Les autorités maliennes sont dans une dynamique de rupture avec la communauté internationale. Après les français avec Barkhane, les européens avec Takuba, aujourd’hui c’est l’ONU qui est visée à travers la MINUSMA », analyse Dr Geoffroy-Julien Kouao, politologue.
Selon lui, le Mali ne fait plus confiance au multilatéralisme et veut résoudre sa crise sécuritaire seul avec les Russes.
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La Mission multidimensionnelle intégrée des Nations unies pour la stabilisation au Mali (MINUSMA) a vu le jour en 2013 avec au départ un effectif de 6 000 hommes. Aujourd’hui, elle compte un peu plus de 15 000 soldats. La MINUSMA engage également une quinzaine de pays dont ceux de la Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’ouest (CEDEAO) avec lesquels la junte au pouvoir, n’entretient pas de bons rapports depuis le coup d’Etat contre feu le président Ibrahim Boubacar Kéita.
Bamako pourrait-il franchir le pas d’une demande de retrait de la MINUSMA et quelle en serait la conséquence dans ce contexte de terrorisme ?
« La présence des forces onusiennes depuis 2013 n’a pas donné de résultats satisfaisants. Les terroristes sont toujours là et actifs. C’est cette inefficacité militaire que le Mali veut pallier avec les Russes », commente Geoffroy Kouao.
Cette décision de suspension des rotations prises par les autorités maliennes intervient après l’arrestation de 49 militaires ivoiriens au Mali, le dimanche 10 juillet. Tandis que ces militaires selon les autorités ivoiriennes allaient faire une relève des troupes dans le cadre des opérations National support element (NSE), Bamako qui les maintient encore en détention, les considère comme des mercenaires.