Côte d’Ivoire

Man- Au-delà des discours, les touristes n’affluent pas, ministère et acteurs régionaux attendus

Mis à jour le 8 juin 2018
Publié le 25/04/2018 à 9:07 ,

A la différence des visiteurs qui débarquent à Abidjan pour des rencontres internationales, considérés comme des touristes d’affaires, ceux qui viennent spécialement pour visiter des sites dans le cadre d’éductours se font encore désirer Ainsi on est bien loin 

Le tourisme dans la région du Tonkpi connait un faible taux d’affluence depuis la survenue de la crise militaro-politique ivoirienne. Les sites anciennement visités par de nombreux touristes sont dans un état de dégradation très avancée. PôleAfrique.info a rencontré un accompagnateur de touristes qui revient sur la période faste du tourisme dans le Tonkpi. «  Pendant les périodes d’avant la crise que notre pays a connue, nous pouvions chaque semaine faire trois à quatre  voyages dans les lieux touristiques.  Avant la crise, les choses étaient au top. Plusieurs agences de voyages étaient représentées ici  et les touristes affluaient. Nous gagnions vraiment l’argent vu qu’il y avait de l’affluence », raconte Saï Dion Célestin, guide touriste  depuis plus trente ans.  Pour Sai Dion Célestin, à cette période faste du tourisme, tous les sites touristiques étaient visités, de même que les hôtels et restaurants. « Pendant cette période, tout marchait. L’hôtel les lianes de Gouessesso avec ses cases rondes et l’hôtel les cascades, étaient toujours remplis. Sans oublier, l’hôtel Leveneur et le Beau séjour. Les cascades naturelles, les ponts de lianes de Lieupleu, la dent de Man, la forêt sacrée de Gbêpleu, la source sacrée de Dompleu, les sculpteurs de bois rouge et les antiquaires de masques sont autant de lieux que les touristes visitaient », se souvient-il. Pour se restaurer après les randonnées, ce sont les restaurants la paillotte et le Paladio qui recevaient tout ce monde.

Aujourd’hui, le milieu du tourisme dans le Tonkpi n’est que l’ombre de lui-même. La plupart des sites qui faisaient la fierté de la région sont à l’abandon. Les hôtels les lianes de Gouesseso, Beau séjour et le maquis la paillotte sont  en ruine. La source sacrée de Dompleu n’est plus visitée pour non entretien. Il n’y a vraiment plus d’attraction. Seuls quelques sites sont visités, à savoir la dent de Man, le Tonkpi, les cascades naturelles en réhabilitation, le pont de lianes de Lieupleu.

«  C’est difficile de voir les touristes afflués comme avant. Les sites ne sont pas entretenus à l’image de la ville de Man. Nous faisons ce que nous pouvons avec le peu de touristes qui arrive. Sinon qu’avant nous faisions de bonne recette chaque semaine. Ce qui est intéressant, c’est que des agences de voyages commencent à envoyer les touristes même si elles sont basées hors du pays », fait savoir Célestin Dion Saï. 

Débohi Daniel, chef d’hôtel à l’hôtel les cascades se souvient de cette période de vaches grasses. 《Avant les choses marchaient bien. Quand le pays est en paix tout va bien. Les touristes venaient de partout. Le club méditerranée venait chaque week-end ici avec beaucoup de touristes. Nous ne faisions pas du 100% de remplissage des chambres mais on avoisinait les 75%》, relate Debohi présent dans le secteur hôtelier depuis le 4 avril 1978. Même si la crise est loin derrière nous les séquelles sont encore bien visibles, au dire de Debohi Daniel.《Maintenant, c’est à compte goutte que les touristes viennent. Vous savez, il y a l’internet et les gens ont l’information qu’ils veulent quand il faut.  Ce sont des responsables d’ONG qui viennent ici nombreux. Sinon, les touristes c’est un ou deux que nous recevons ici par semaine. Le taux de remplissage est entre 30 à 35% voire même 20% parfois. Ce sont les week-end que nous avons une faible affluence avec des visiteurs. Il faut faire quelque chose pour que le secteur renaisse de ses cendres》, recommande-t-il.

Hôteliers, accompagnateurs de touristes, restaurateurs, sculpteurs et autres acteurs du secteurs broient tous du noir.

Avant la crise, il y avait beaucoup de touristes et ça marchait pour nous les sculpteurs. Après la crise, c’est difficile mais ils arrivent un peu un peu. Comme c’est notre travail, on est obligé de le faire. Avant, on gagnait même. Les marchands d’objets d’arts étaient là et ces derniers prenaient les objets avec nous après la fabrication. Sans oublier les touristes qui affluaient. Mais aujourd’hui plus de marchands pour acheter nos objets fabriqués pour les revendre. Nous sommes obligés d’attendre les touristes qui sont en plus rares. C est vraiment dur et nous interpellons le ministère du tourisme pour accentuer la communication à l’international pour que notre pays et surtout l’ouest qui a un potentiel énorme en tourisme soit visité》,souhaite Cissé Kanamahan sculpteur et marchand d’objets d’arts. 

Sollicité par PôleAfriqueinfo, le Directeur régional du ministère du Tourisme a brandi une note de service de son ministère pour justifier son incapacité à s’exprimer alors qu’il est là pour la promotion des sites et mettre en oeuvre la politique de promotion du Tourisme dans la région. Pourquoi est-ce le ministre seul qui doit s’exprimer? A-t-on peur de la vérité du terrain, loin des chiffres de « visiteurs » loin de ceux des vrais touristes?

En tout cas, la Côte d’Ivoire est championne en dépenses sur les salons internationaux, en France, en Espagne, en Allemagne mais sans faire bouger les lignes charters avec les touristes. Touristes est bien différent de « visiteurs », un vocable de plus en plus utilisé pour masquer la réalité.

Le conseil régional du Tonkpi dirigé par le Dr Mabri Toikeusse entend booster le secteur d’où l’organisation d’un festival annuel. Une lucarne bien choisie pour faire connaitre encore plus le riche patrimoine culturel, gastronomique et touristique de la région. Le gouvernement à travers le ministère du tourisme est aussi attendu pour faire de la destination Tonkpi la plus prisée par les touristes.

Jean Olivier Dan( Correspondant Ouest)

 

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