La menace a été mise à exécution avec la fermeture des commerces.
La journée de ce jeudi 12 avril 2018 a été tumultueuse pour la ville de Man. Des commerçants se réclamant de la Fédération Nationale des Commerçants de Côte d’Ivoire, mégaphone en mains ont sillonné toute la ville de Man pour intimer l’ordre à tous les tenants de boutiques, de magasins et autres commerces de fermer sous peine de représailles.
Dans tous les quartiers de la ville de Man, de la Sari à Grand-Gbapleu, en passant par le commerce, Doyagouiné 1 et 2, Libreville, aucune boutique n’est restée ouverte. Au grand marché de Man, la rue jonchant la pharmacie du maire Tia André qui habituellement grouille de vendeurs de friperie dans des brouettes est déserte. Seule une vendeuse de pains est présente. Idem pour la route qui mène au CHR, lieu de ballets incessants de taxis, de vendeuses ambulantes et autres usagers de la route. Même les vendeuses de légumes par peur ont rangé leurs marchandises pour rentrer à la maison. Devant les magasins fermés, certains commerçants veillent au grain pour ne pas que le mouvement ne soit infiltré par des voleurs.
Raison d’une colère
Approchés pour savoir les raisons de ce mouvement d’humeur, les responsables de la FENACCI, section Man se mettent à table. « Nous avons décidé d’observer cette grève parce que la direction régionale des impôts nous fatigue. Nous voulons interpeller l’Etat ivoirien afin de mettre fin à des pratiques qui non seulement nous appauvrissent et nous rendent la vie dure mais également qui n’honorent pas la DGI » a indiqué Diakité Mohamed, Secrétaire Général de la section Man et Vice-président National de la FENACCI.
Selon toujours, Diakité Mohamed, ce sont au total 9 points de revendications qui sont présentés à la direction régionale des impôts de Man. Il s’agit entre autres de « l’annulation de toutes les taxations d’office en cours, l’annulation de toutes les nouvelles impositions jugées abusives, l’interdiction des soldats en uniforme et des armes de guerre devant les commerces, l’interdiction des fermetures des commerces sans préavis, l’annulation de toutes les augmentations d’impositions jugées abusives et l’annulation de tous les déclassements jugés abusifs« .
« Vu tout ce qui précède, nous avons décidé de rentrer en grève le 11 avril dernier. Mais le préfet de la région du Tonkpi, Soro Kayaha Jérôme, nous a tous reçus et a demandé qu’on s’asseye pour discuter. Ce que nous avons accepté en pensant que nos revendications seront prises en compte. Nous avons levé le mot d’ordre de grève. Le mercredi 11 avril, nous nous sommes retrouvés mais malheureusement, le Directeur Régional a refusé d’accéder à nos revendications. Aucun point de nos revendications n’a été pris en compte. C’est ce qui nous a mis en colère et nous avons entrepris de rentrer en grève pour trois jours », indique le secrétaire de section FENACCI Man.
A la direction régionale des impôts, Django Fousséni, directeur régional de la structure mise en cause que Pôle Afrique. info a rencontré dit ne pas se reconnaître dans toutes ces accusations. « Le système des impôts ivoirien est un système déclaratif. Le contribuable déclare et les impôts contrôlent. Les impositions se font en fonction du chiffre d’affaires. A Man, il y a une fraude fiscale rampante et dangereuse », a indiqué Django Fousséni.
« Nous avons constaté une vaste fraude fiscale et nous avons donc instruit nos services aux fins accroître les contrôles fiscaux sur les déclarations déposées pour corriger les fausses déclarations faites. La lutte que nous menons rentre dans la droite ligne des objectifs de la DGI. Il y a beaucoup d’anomalies sur les impositions qui sont en train d’être corrigées, le niveau de cotisations très bas en tenant compte du niveau de vie et la présence de certains contribuables dans un régime qui ne correspond pas à leur volume d’activité sont les trois choses sur lesquelles nous travaillons. Et c’est dans ce cas se trouve un individu qui aujourd’hui trouble l’ordre public. Sinon en toute sincérité, mes services n’ont abusé de personne. Plusieurs contribuables ont déjà payé leurs impôts du mois de mars. C’est un individu qui instrumentalise les autres mais, nous pensons que cela va s’estomper seul », a conclu le directeur régional.
Jean Olivier Dan (Correspondant Ouest)
Source: rédaction PôleAfrique.info