La justice ivoirienne a ouvert, dix ans après les massacres de Duékoué, un procès contre Amadé Ouérémi, ancien combattant l’ancien chef milicien du parc national du Mont Péko. Accusé d’être l’instigateur des tueries massives perpétrées à la fin du mois de 2011 dans cette ville de l’ouest de la Côte d’Ivoire. L’ex-rebelle tente de se soustraire des griffes de la justice en citant d’anciens chefs de la rébellion comme étant les donneurs d’ordre.
Poursuivi pour des faits de crimes contre des civils, crimes de guerre, génocide, assassinats, meurtres, viols, attentats, complot contre l’autorité de l’état, pillages, participation à des mouvements insurrectionnels, xénophobie, vols en réunion, troublés à l’ordre public…, commis lors de la prise de la ville de Duékoué pendant la crise post électorale de 2010-2011, Amadé Ouérémi a déclaré au juge Bini Charles dès l’entame de son procès le mercredi 24 mars 2021 qu’il n’était pas le donneur d’ordre.
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« Je suis allé à Duékoué avec le rebelle Coulibaly de Kouibly. J’étais un simple élément. Et l’ordre de commandement venait du commandant Losseni Fofana (devenu colonel). C’est lui qui a donné l’ordre d’aller chasser tous les miliciens de Duékoué », a déclaré en substance à la barre de l’ex-occupant du parc du Mont Péko. Et de poursuivre : « Ce n’est pas parce que c’est mélangé qu’ils vont mettre tout sur moi…J’étais élément de quelqu’un, donc je ne comprends pas pourquoi on m’accuse. Dieu même sait que je n’ai pas fait ça moi seul… Ce sont les dozos (chasseurs traditionnels) qui ont tué les gens ».
Amadé Ourémi identifié par des victimes
Et pourtant de nombreuses victimes le désignent comme le responsable avec ses troupes des 817 personnes tuées du 28 au 29 mars 2011, des 420 maisons brûlées et pillées, des filles enlevées et violées. « Je l’ai vu mener ses opérations en personne. Il avait quatre hommes pour le protéger », raconte un témoin appelé à la barre. Un autre a affirmé avoir vu les hommes de l’ex-chef milicien exécuté son frère, non sans révéler qu’Amadé Oueremi et ses hommes ont exigé la somme de 10 000 FCFA avant de lui remettre le corps de son frangin tué. Une victime a confié à la barre que sa sœur « a été violée » puis jetée dans un puits par les hommes du chef milicien.
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Confondu par ces témoignages, Amadé Ouérémi a déclaré : « J’ai vu des corps des hommes. C’était beaucoup. Je n’ai jamais vu ça de ma vie. Il y avait des femmes, des hommes, des enfants et des vieillards parmi les corps. Des personnes ont été brûlées vives dans des maisons ». Et de reconnaître « Ce sont mes éléments qui ont commis ».
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Le procès de l’ex-mécanicien de vélo a été renvoyé au mercredi 31 mars 2021. Des informations émanant du tribunal d’Abidjan soutiennent que le général Michel Gueu, commandant de toutes les opérations des Forces républicaines de Côte d’Ivoire (FRCI) dans la moitié ouest, Losseni Fofana, ex-commandant de zone de Man, Koné Daouda, commandant du secteur de Duékoué pendant la chute de la ville et l’ancien commandant de secteur de Danané Eddie Médi, passeront devant les juges. L’ex-seigneur du Mont Péko ne veut, manifestement, pas couler seul.