C’était l’une des demandes formulées par les journalistes à l’occasion de la célébration de la Journée mondiale de la liberté de la presse le mardi 3 mai 2022. Avec la création de l’Agence de soutien et de développement des médias (ASDM), le gouvernement ivoirien se tient désormais au chevet de l’ensemble de la chaîne des valeurs du secteur de la presse et des médias privés.
Le décret portant création de l’Agence de soutien et de développement des médias (ASDM), en remplacement du Fonds de soutien et de développement de la presse (FSDP) a été pris en conseil des ministres le mercredi 4 mai.
Avec cette réforme, un vent d’espoir souffle sur le secteur de la presse et des médias privés en Côte d’Ivoire. Désormais, l’aide publique aux médias s’étendra à tous les intervenants des secteurs de la presse imprimée, de la communication audiovisuelle et du numérique, ainsi qu’à ceux du secteur de la chaîne de production de l’information.
« L’ASDM est chargée de soutenir et d’accompagner les entreprises du secteur des médias privés. À l’inverse du FSDP dissous et en accord avec la loi portant régime de la presse, l’ASDM connaît l’élargissement du champ d’action du FSDP au secteur du numérique et de l’audiovisuel », a déclaré le ministre de la Communication et de l’Économie numérique Amadou Coulibaly, par ailleurs porte-parole du gouvernement, au terme dudit Conseil.
Formalisé par décret en 2009, le Fonds de soutien et de développement de la presse a été voulu par le gouvernement de concert avec les organisations professionnelles de la presse en 2007. Il avait pour principale mission de faciliter la mise en œuvre des interventions structurelles de développement du secteur de la presse et de l’audiovisuel, afin d’assurer aux entreprises des secteurs concernés, l’égalité et la libre concurrence. Au titre de l’année 2020, 1.016 milliards de FCFA ont été octroyés sous forme de subventions ou de prêts par le FSDP en faveur des entreprises de presse privées.
Selon Cissé Sindou, le président de la Mutuelle sociale des agents des médias privés (MS-Médias) joint par 7info, la création de l’Agence de soutien et de développement des médias contribuera à dynamiser le secteur.
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« Cette décision est la bienvenue, car ce changement vient adapter l’instrument de soutien au secteur aux nouvelles réalités. Le FSDP est né dans un contexte où les nouveaux médias que nous avons aujourd’hui n’avaient pas le niveau de développement actuel, de sorte que ce fonds était essentiellement orienté vers la presse imprimée. L’environnement des médias à beaucoup évolué depuis lors et il y a de nouveaux acteurs qui ont fait leur entrée et ce changement intervient pour les prendre en compte », soutient Cissé Sindou.
Pour Abou Adam, Secrétaire par intérim du Syndicat National des Professionnels de la Presse de Côte d’Ivoire (SYNAPPCI), c’est une bouffée d’oxygène pour notre corporation mais il reste encore à faire. « C’est l’occasion pour nous de saluer cet acte du gouvernement qui va bien évidemment contribuer à améliorer un tant soit peu, les conditions de travail des professionnels du sous-secteur de la communication audiovisuelle. Néanmoins, le geste salvateur que tous les acteurs du sous-secteur de la presse écrite attendent, c’est bien la réinstauration de la subvention de l’impression qui a été suspendue il y a quatre ans. Nous pensons que quoi qu’on dise cette subvention permettra aux patrons de presse de faire face aux charges des entreprises, notamment les salaires des agents qui pour la plupart ne sont pas payés depuis des mois. Ils se débrouillent sur le terrain », a-t-il révélé.
Les deux décrets pris en conseil des ministres au titre du ministère de la Communication, interviennent en application de la loi portant régime juridique de la presse, la loi de décembre 2017. Elle consacre l’aide publique aux médias en vue d’assurer la liberté de la presse et de garantir corrélativement le droit du citoyen à l’information, comme prévu dans la Constitution ivoirienne.