Selon l’agence ECOFIN, « les résultats de la vente de journaux en kiosque pour l’année 2017 en Côte d’Ivoire, ont baissé de 1,3 millions de dollars soit environ 650 millions FCFA, par rapport à 2016 ». Et ce chiffre part décroissant depuis déjà plusieurs années. Poleafrique.info a donné la parole aux ivoiriens, pour savoir les raisons de ce divorce progressif d’avec la presse écrite.
Kouamé Mathey est commerciale dans une entreprise à Abidjan. Tous les matins à son réveil, elle affirme avoir pour réflexe, de s’informer, avant de se rendre au travail. Et la presse écrite n’est pas sa première source d’information.
« Je ne lis pas les journaux simplement parce qu’ils ne relaient pas les informations de notre pays. Ou bien si c’est le cas, elles sont fausses. On est parfois obligé de se référer aux médias étrangers, pour avoir des informations sur notre société et c’est vraiment déplorable. Si la presse écrite n’est pas en train de faire l’apologie d’un parti politique, elle donne de fausses informations. Moi en tout cas, j’ai choisi la presse étrangère » a t-elle affirmé.
Akudan Richard, lui, est technicien réseau dans une compagnie de téléphonie. Il dit parcourir l’actualité nationale et internationale de manière quotidienne. Mais sa source, ce ne sont pas les journaux.
« Je ne lis pas les journaux, parce qu’ils sont partisans. Ils ne racontent que ce qui arrangent leurs bords politiques. Donc pour acheter un journal, il faut faire partie d’un parti politique sinon tu n’auras rien d’intéressant. Je préfère les réseaux sociaux car ils donnent des informations en temps réel. C’est vrai qu’elles ne sont pas toujours vérifiées, mais c’est mieux que la presse écrite » assure t-il.
D’après le document de la baisse des ventes des journaux en Côte d’Ivoire, dont l’Agence ECOFIN a eu copie, « les ventes de journaux ont rapporté 5,6 millions de dollars en 2017, contre 6,9 millions, l’année précédente, affichant une baisse de 18,8% avec 9,4 millions de journaux écoulés en 2017 ». Selon Justin Kramoh, fonctionnaire d’État à la retraite, cela pourrait s’expliquer par le fait que s’informer aujourd’hui à travers des plateformes numériques, est plus avantageux que de s’acheter un journal.
« Moi particulièrement je continue de lire les journaux. Mais pour avoir une information complète, je suis obligé d’en acheter plusieurs. Je peux donc dépenser en moyenne, 600 FCFA par jour, pour trois journaux afin de mieux équilibrer l’information. Ce n’est pas le cas pour les jeunes. Mes enfants par exemple m’ont inscrit sur Facebook et je vois beaucoup de choses. Avec un pass de 500 FCFA, on peut aller sur plusieurs sites d’informations à la fois. Donc pour moi, les gens ne lisent plus les journaux, à cause de l’évolution du monde numérique » est il intervenu.
Un avis que partage entièrement Kouaffo Noufé Narcisse, chef mécanicien dans un garage automobile à Abobo. Selon lui, « le langage utilisé sur les réseaux sociaux est plus accessible que celui utilisé dans les journaux. Avec une souscription de 200 FCFA, on peut parcourir plusieurs sites d’information en un temps record » a t-il réagi.
On assiste à une floraison des sites d’informations en ligne, ces dernières années en Côte d’Ivoire. Les médias traditionnels font de plus en plus place à la presse en ligne et ses dérivées. Les réseaux sociaux, sont devenus le canal d’information par excellence, de la jeunesse ivoirienne, qui représente plus de 70% de la population. Ce qui a provoqué une reconversion des médias conventionnels au numérique. Les quotidiens tels que Fraternité Matin ou l’Inter, ont déjà mis en place des rédactions dédiées à la presse en ligne. Les principaux éditeurs de presse en Côte d’Ivoire ont eux aussi, récemment lancé une plateforme digitale sur laquelle ils publient régulièrement leurs articles. Sans oublier un portail numérique comme Abidjan.net qui enregistre des millions de visiteurs par jour. Le digital dame donc peu à peu le pion, au papier physique en Côte d’Ivoire.
Éric Coulibaly
Source : Rédaction Poleafrique.info