Les forces de défense et de sécurité de Côte d’Ivoire assurent être informées de la menace. Elles rassurent être prêtes à répondre efficacement en cas d’attaque. Les services de renseignement français révèlent que le pays est la cible d’attaques djihadistes. Une situation qui inquiète et soulève des questions sur la capacité réelle des autorités à prévenir la menace.
La Côte d’Ivoire n’oubliera pas le 13 mars 2016 lorsqu’elle fut, pour la première fois de son histoire, la cible d’attaque djihadiste. Les terroristes ont frappé la cité balnéaire de Grand-Bassam, localité située à une quarantaine de kilomètres d’Abidjan, la capitale économique au Sud-est du pays. Le bilan officiel fait état de 16 morts et de plusieurs blessés. Cinq ans après, la menace djihadiste est toujours d’actualité. Les services de renseignements français annoncent que la Côte d’Ivoire est la cible privilégiée des terroristes. Une menace à prendre au sérieux.
« La facilité de mobilité et la porosité des frontières avec nos voisins, des jeunes désœuvrés et manipulés par la politique et le manque de coordination de nos polices sont des éléments qui facilitent le terrorisme. Le djihadisme n’a pas de nationalité. Ce sont des ivoiriens qui ont aidé les « al Mourabitoun (qui veut dire les signataires par le sang) » et Aqmi (Al Qaïda au Maghreb islamique) à frapper leur pays. Des tunisiens, des anglais, des français, des Kenyans et des nigérians ont aidé les terroristes à frapper leur pays. Les islamistes ont une culture de terreur. Ils sont sans complexes devant le wahhâbisme, le malékite, le soufisme ou le chiite etc… car la terreur est leur religion. Ils prennent le temps de s’adapter à la culture locale avant de frapper leur cible. Il faut donc se tenir prêt », prévient le politologue Kipré Paul, enseignant-chercheur à l’Université Félix Houphouët-Boigny d’Abidjan, joint par 7info.ci.
C’est tout le Golfe de Guinée qui est visé selon les informations. Les djihadistes, en représailles à la présence militaire ivoirienne au Mali contre le terrorisme, prépareraient leurs hommes. Des attentats qui pourraient se faire avec la complicité des nationaux. Selon le spécialiste ivoirien des questions sécuritaires, la nébuleuse profite des problèmes déjà sous-jacents en Afrique de l’Ouest, pour s’établir durablement.
« Plusieurs raisons me poussent à craindre le pire. Les tentatives avérées de certains leaders d’opinion et d’une petite minorité de religieux pour expliquer la situation politique ivoirienne par la différence entre les religions et les régions des hommes politiques. Les tueries d’hommes religieux musulmans, la destruction de lieux de cultes islamiques, l’assimilation volontaire ou involontaire de citoyens musulmans à des étrangers pendant la longue crise ivoirienne. Les deux derniers facteurs ont été documentés par les organisations internationales de défense des droits humains. Ainsi, aux plans national et international, la Côte d’Ivoire comme tout le reste de l’Afrique de l’ouest peut devenir un jour un terreau fertile et durable pour le djihadisme parce qu’il peut se métastaser, si l’on ne prend pas la peine de préparer les contours et effets du traitement de la problématique en amont comme en aval. Aucun pays n’est à l’abri de personnes isolées exploitant la religion pour des besoins de gloire personnelle. Autant le risque zéro du terrorisme n’existe nulle part, autant le risque zéro du djihadisme ne peut exister nulle part. La traque des terroristes, ou des djihadistes est d’abord et avant tout l’affaire de l’État mais pas de lui seul, de toute la communauté africaine », a renchéri le politologue.
Outre ces différentes raisons, la question de la circulation des armes en Afrique demeure un point important de la montée du terrorisme dans la sous-région. Les opérations de sécurisation du territoire national (Épervier) lancées pourraient aider à prévenir la situation en amont. Mais les actions devraient être concertées et régulières afin de parer à toute éventualité.