Affi N’Guessan est le président du FPI, parti d’opposition au régime d’Alassane Ouattara s’il en est ; Affi N’Guessan est candidat à l’élection présidentielle du 31 octobre, contre Alassane Ouattara ; il considère la nouvelle candidature du président Ouattara comme illégale et la décision du Conseil Constitutionnel, qui a validé cette candidature, comme une forfaiture ; il en appelle à l’unité d’action de l’opposition contre cette candidature.
Pourtant, Monsieur Affi N’Guessan ne demande pas la dissolution du Conseil Constitutionnel ni celle de la Commission électorale indépendante. Il n’appelle pas non plus ses compatriotes à la « désobéissance civile ». « Je suis pour les marches républicaines pacifiques, je suis pour les manifestations, les protestations, tant que ça s’inscrit dans le cadre de la loi. Je ne suis pas pour les démarches insurrectionnelles (…).On veut protester, contester tout en restant dans la stricte légalité », explique le vice-président du FPI, Jean Bonin Kouadio.
Personne ne peut dénier au Président du FPI sa qualité d’opposant à Alassane Ouattara. Mais cet homme et son parti ont décidé de tout faire pour éviter des affrontements physiques entre Ivoiriens. Appliquant l’adage bien connu « celui qui a vu le lion et celui qui ne l’a pas vu ne courent pas de la même manière devant lui », il se refuse, par ses actes et par ses mots, à sortir de la stricte légalité républicaine, c’est-à-dire à aggraver la situation. En cela, contribuant à « normaliser » la vie politique de son pays, il inspire le respect.
A lire aussi: CAMPAGNE PRESIDENTIELLE : OU EST PASSEE LA BOUSSOLE? / PHILIPPE DI NACERA
Une partie importante de l’opposition (pas toute) a été réunie le dimanche 20 septembre 2020 par le président Bédié. Affi N’Guessan, lui, n’était pas convié. Tout comme Marcel Amon Tanoh dont la candidature à la présidentielle n’a pas été retenue ou Kouadio Konan Bertin, qui lui pourra concourir lors du scrutin. Car l’opposition, sous la houlette du président du PDCI, prend un risque et une lourde responsabilité en appelant les Ivoiriens à la « désobéissance civile ». Ceci explique peut-être cela. Ce mot d’ordre n’est rien moins qu’un appel aux Ivoiriens à ne plus respecter les lois de la République et les décisions du gouvernement légitime. C’est une pente dangereuse. Qui aujourd’hui peut sereinement exclure des affrontements? On voit tous, arriver la catastrophe comme le conducteur d’une voiture fonçant sur un mur et qui accélère au lieu de freiner.
Qui arrêtera l’inéluctable ? Seul le Chef de l’État peut, aujourd’hui, prendre la main et les initiatives pour calmer le jeu.
Nous avons contribué, il y a une semaine exactement, à lancer dans tous les médias un appel à la Paix. Cet appel a été signé par des personnalités diverses de la société civile, des milieux économiques, médiatiques et du monde politique. D’autres personnalités, hommes et femmes de culture, religieux, ont fait de même. Par qui ces appels sont-ils entendus? Pas, en tout cas, par ceux à qui ils sont destinés : la classe politique dans son ensemble.
L’élection du 31 octobre, qui nous paraissait si proche, nous semble désormais une lointaine échéance avant laquelle tout peut désormais se produire.
Mesdames, messieurs les politiques, les Ivoiriens vous demandent pardon… La pédale de frein, c’est au milieu!
Philippe Di Nacera
7info