« Nous ne vivons pas dans le même monde », a réagi le ministre Amadou Coulibaly. Le porte-parole du gouvernement répondait aux propos du nouveau président de la Conférence des évêques de Côte d’Ivoire, Mgr Marcellin Yao Kouadio qui a été très critique de la situation sociopolitique et économique du pays.
Un regard différent de celui du prélat. Le mercredi 7 juin 2023, face aux médias à la traditionnelle conférence de presse de fin de conseil des ministres, le porte-parole du gouvernement, Amadou Coulibaly, a décrit une Côte d’Ivoire autre que celle évoquée par Mgr Marcelin Kouadio.
« Nous ne sommes pas dans le même monde », a-t-il signifié d’entrée de jeu en réponse à une question qui lui a été posée sur la question.
« Moi mon monde c’est qu’aujourd’hui en Côte d’Ivoire, un citoyen ne fait pas plus de cinq kilomètres pour trouver un centre de santé. C’est une volonté du chef de l’Etat. Cela a été atteint. Moi mon monde c’est qu’un enfant ne fait pas plus de cinq kilomètres pour aller au collège, et avec tout le programme de de collège de proximité, qui a été développé, cet objectif est atteint. Moi monde c’est faire en sorte que les étudiants n’aient plus à venir vers la seule université que nous avions et qu’aujourd’hui j’ai une université à Korhogo, grâce au président Ouattara, j’ai une université à Daloa grâce au président Ouattara, j’ai une université à San-Pedro grâce au président Ouattara, j’ai une université à Man grâce au président Ouattara, l’université d’Odienné est en train de sortir du sol, de même que l’université de Bondoukou. Et quand j’ajoute l’université d’Abobo Adjamé que le président avait déjà initié plus l’université de Bouaké, qui a été sa création lorsqu’il était Premier ministre ajouté à cela l’université virtuelle, ça nous fait 09 universités qui sont l’œuvre du président Ouattara sur les dix que compte notre pays. C’est ça mon monde. Moi mon monde c’est l’autoroute qui arrive jusqu’à Bouaké. C’est dans ce monde que je vie. Je ne peux pas dire s’il est invisible ou s’il est réel. Mais comme l’évêque et moi ne sommes pas dans le même monde, je ne ferai pas plus de commentaire que cela. Et comme vous me voyez ici tous les mercredis, je n’ai pas de gilets par balles à moins que je l’aie oublié », a ironisé le ministre Amadou Coulibaly.
Le dimanche 4 juin 2023, à la clôture de la 123e assemblée générale plénière de la Conférence des évêques de Côte d’Ivoire (CECI) qui a abouti à sa désignation comme nouveau président de cette organisation religieuse, Mgr Marcellin Yao Kouadio a dépeint un tableau sombre de la situation sociopolitique et économique de la Côte d’Ivoire.
« A qui profite la croissance économique tant chantée en chœur. L’économie ivoirienne serait l’une des plus performantes au monde dit-on. Quel monde, le monde réel ou le monde invisible ? Les populations sont attristées, nous assistons à une vraie paupérisation des zones rurales avec les produits agricoles mal rémunérés », avait décrit le prélat.
Mgr Marcellin Yao Kouadio était encore plus critique dans son analyse de la vie politique nationale. Selon lui, l’appel à la paix et à la réconciliation n’a jamais été sincère. Parce que, dit-il, « la plupart du temps, ceux qui parlent de paix se promènent en gilet anti-balles ».
« On ne note aucun geste de remords chez les bourreaux, les Ivoiriens restent encore divisés, pourtant on nous a fait croire que les Ivoiriens vivent en bonne intelligence, dans quel quartier, dans quelle ville ? Oui les Ivoiriens restent encore divisés, le climat sociopolitique est suffocant le ministère de la Réconciliation. Le peuple est constamment humilié et pris en otage. Nous vivons une démocratie armée. Nous sommes en face d’un certain occultisme politique », se désole le nouveau président de la CECI.
Richard Yasseu
