La tension entre le Mali et la Côte d’Ivoire au sujet des militaires en détention connaît un nouveau développement. Les autorités maliennes conditionnent désormais la libération des 46 autres soldats à une action d’Abidjan en leur faveur.
La position de Bamako ne semble pas négociable. En échange de la libération des 46 militaires encore retenus, les autorités de la transition maliennes exigent l’extradition des exilés maliens en Côte d’Ivoire. Pour Abidjan, il s’agit « d’un chantage honteux voire odieux de la junte’ » que de poser comme condition à la libération de ses 46 militaires « injustement retenus” à Bamako, l’extradition des exilés maliens.
« C’est une prise d’otage qui ne restera pas sans conséquence. Notre position est claire : ce marché est inacceptable », a confié le dimanche 11 septembre 2022, une source proche de la présidence ivoirienne à l’AFP.
C’est depuis le dimanche 10 juillet 2022 que 49 militaires ivoiriens se sont rendus au Mali. Ils ont été interpellés à leur arrivée à l’aéroport international Modibo-Kéita de Bamako alors qu’ils y allaient pour assurer la 8e relève d’un contingent NSE, comme soutenu par les autorités ivoiriennes. Ces soldats, considérés comme des mercenaires par Bamako, ont par la suite été inculpés et placés sous mandat de dépôt. Mais pour résoudre cette affaire, Abidjan a opté pour la voie diplomatique. Méthode qui a payé dernièrement avec la libération de 3 d’entre eux (des femmes), depuis le 31 août 2022.
Pour Dr Kipré Paul, un enseignant-chercheur en sciences politiques, les autorités ivoiriennes ne céderont pas aux exigences du colonel Assimi Goita et ses collaborateurs à la tête du Mali.
« Le gouvernement ivoirien ne va pas céder au chantage », analyse-t-il pour 7info qui l’a joint.
Selon lui, les actuels hommes forts de Bamako se détournent de leur objectif de départ.
« La junte au pouvoir au Mali procède par un chantage pour régler leur problème politique alors qu’ils sont venus pour régler un problème sécuritaire comme ils l’ont dit. Ils rafistolent. Leur seul et vrai objectif est de se maintenir au pouvoir alors qu’ils vont dans le mur… », ajoute-il.
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Entre les pays de l’Afrique de l’ouest, les extraditions sont de faits rares. Selon un rappel que fait l’expert ivoirien, aucun acte de ce genre n’a été fait à ce jour de la Côte d’Ivoire vers un pays voisin.
Une réunion du conseil national de sécurité (CNS) est prévue cette semaine à Abidjan. Présidée par le chef de l’Etat Alassane Ouattara, ce rendez-vous va porter en particulier sur la situation des 46 militaires.