Ministre-député-maire-président de conseil régional…comment une seule personne gère tout ça ? En Côte d’Ivoire, le fait est presque devenu anodin. De nombreux cadres de l’administration occupent à la fois plusieurs postes électifs et nominatifs.
La Côte d’Ivoire s’apprête à tourner la page des élections locales et sénatoriales 2023. Et l’issue de ces différents scrutins a permis de voir que de nombreuses personnalités de l’administration ivoirienne figurent parmi les élus. Un fait qui relance la question du cumul de fonctions dans le pays. Des ministres, des présidents d’institutions, des directeurs de société d’Etat, et de nombreux hauts cadres même en fonction à la présidence de la République, sont dans ce cas. Ils sont pour certains ministre-député-maire, ministre-président de conseil régional, ou président d’institution-président de conseil régional pour d’autres.
La pratique ne plaît pas à tous, notamment à la jeunesse pour qui, trouver un premier emploi est souvent un parcours de combattant. Mais elle n’est pas nouvelle dans le pays. Les présidents et les gouvernements qui se sont succédés- quoiqu’ils l’aient critiqué – n’ont pu changer la donne. La loi ne l’interdisant pas en Côte d’Ivoire.
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« Certes, ce n’est pas interdit par la loi, mais dans un pays sous-développé comme le nôtre, il n’est pas normal qu’une personne occupe tous ces postes (maire, député, président de conseil régional, ministre) », critique Assalé Tiémoko, le député-maire de Tiassalé, joint par 7info.
Mais question. Comment un titulaire de plusieurs postes à la fois arrive-t-il à les gérer ? Parviennent-ils à s’occuper réellement et efficacement des tâches qui leur sont confiées ?
« Pour le moment, ce n’est pas interdit par la loi. Mais le problème est qu’ils ne peuvent pas gérer avec efficacité leurs localités même s’ils ont des adjoints qui font le travail à leur place », fait remarquer le député-maire de Tiassalé.
Jean-Baptiste Kouadio est un doctorant en sociologie politique à l’université de Bouaké. Il partage le même avis. Mieux, il propose que la question du cumul de postes soit réglée.
« Le cumul de poste a un coût. Les députés qui cumulent sont nettement moins impliqués dans les débats nationaux et concentrent leurs interventions sur les sujets qui touchent à leurs collectivités. Raison pour laquelle il est nécessaire de régler ce problème. Il faut imposer un poste électif unique pour tous les citoyens », analyse-t-il pour 7info.
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Au niveau de l’Assemblée nationale, Antoine Assalé Tiémoko, l’élu de Tiassalé a décidé de déposer une proposition de loi pour interdire à une personne d’occuper plusieurs fonctions électives.
« J’ai fait une proposition de loi dans ce sens-là, et pour le moment elle n’a pas encore été déposée. Mais je compte la déposer dans quelques semaines », révèle-t-il.
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Quelle sera la réaction de cette institution sur le sujet, va-t-elle légiférer en faveur ou contre ? Difficile de le dire. Pour l’heure, les ministres-député-maire-président de conseil régionaux se multiplient dans le pays. Conformément à la loi.
Arnaud Houssou