Les consommateurs ivoiriens sont en colère. Après l’augmentation du prix du litre du carburant à la pompe, de nouveaux frais ont été imposés par les distributeurs agréés de mobile money sur les transactions. Otages, ils sont, de la guerre entre les opérateurs de téléphonie mobile et les revendeurs.
Il faut désormais payer la somme de 100 FCFA pour faire des dépôts et des retraits d’argent dans les points agréés de mobile money. Cette décision n’émane pas des opérateurs, mais plutôt des prestataires de services. Ces derniers mécontents des nouvelles commissions appliquées sur les transactions décident de s’en prendre aux consommateurs.
Selon eux, la manœuvre vise à attirer l’attention des autorités ivoiriennes sur leur situation en provoquant la grogne des consommateurs. « Nous avons instauré les frais de 100 FCFA sur les transactions au dépôt et de retrait pour attirer l’attention des populations sur les problèmes que nous vivons en tant que prestataire de services mobile money de Côte d’Ivoire. Tous les jours, nous voyons nos commissions dégringoler sans consultation préalable. Et donc nous avons estimé que cela doit cesser », a réagi à 7info, Félix Coulibaly, le secrétaire général adjoint du Syndicat national des propriétaires des points mobile money de Côte d’Ivoire.
Les distributeurs agréés de mobile money affirment pourtant avoir effectué toutes les démarches possibles auprès des autorités compétentes afin de trouver une solution à leur problème. Me Adama Kamara, ministre de l’Emploi et de la Protection sociale, a même rencontré les différentes parties afin de trouver une issue à la crise en gestation le vendredi 20 mai 2022, sans succès. La situation a même empiré après la réunion.
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Wave sur le banc des accusés
« Nous avons mené plusieurs démarches au niveau du ministère de l’Économie numérique sans suite, idem pour la Primature. À l’ARTCI, ils nous ont dit que la régulation de ce secteur revient à la BCEAO. Le ministère du Commerce nous a aussi reçus. Mais les promesses faites n’ont pas été tenues. Nous avons aussi échangé avec le ministre de l’Emploi et de la protection sociale. Il a échangé avec nous en présence des différents directeurs généraux des opérateurs. Adama Kamara a fait trois recommandations. Il nous a demandé de ne pas rentrer en grève. Il a aussi demandé à Wave de ne pas mettre sa nouvelle grille de commissionnement en application. Les différents opérateurs devaient enfin se rencontrer pour échanger sur la situation et trouver une solution. Mais à notre grande surprise, malgré les recommandations du ministre, Wave a appliqué sa nouvelle tarification. Et c’est là le nœud du problème », renchérit Félix Coulibaly.
L’arrivée de Wave dans le secteur du mobile money en Côte d’Ivoire avait suscité beaucoup d’espoir chez les consommateurs et les revendeurs. Ces derniers avaient même fait la promotion de la nouvelle entreprise qui proposait des commissions nettement supérieures aux autres. Mais pour faire face à la concurrence, Orange, Moov et MTN ont aussi baissé leurs tarifs. Une baisse qui influe sur les commissions des prestataires.
Pis, Wave met en application une nouvelle tarification sur les transactions. La goutte d’eau qui a fait déborder le vase. Selon un prestataire, « avant le 1er juin quand tu fais un cumul de ventes dépôt et retrait d’un million FCFA, chez Wave tu avais 4600 F comme commission. Mais depuis le 1er juin, ce montant est passé à 2615 FCFA sans raison apparente. C’est ce que nous décrions. Quand on augmente le coût du carburant, les transporteurs augmentent aussi le prix du transport. C’est notre solution face à la situation précaire que nous vivons », a-t-il confié.
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Les consommateurs entre le marteau et l’enclume
Depuis quelques jours, les utilisateurs de mobile money payent la somme de 100 FCFA sur toutes les transactions. La colère monte. Les anicroches entre agents de points agréés et consommateurs sont signalées dans certaines villes du pays. Pendant ce temps, les opérateurs demandent aux clients de ne payer aucun frais supplémentaire sur les dépôts et retraits d’argent. De quoi ajouter de la poudre sur une situation déjà explosive.
« Nous avons tenté à plusieurs reprises d’entrer en contact avec les propriétaires de points agréés mobile money sans succès. J’ai vraiment mal au cœur. Ils ont tenu une réunion avec les opérateurs et le ministère de l’Emploi, sans inviter les consommateurs. Mais finalement c’est nous qui prenons les pots cassés. Il aurait été plus responsable d’arrêter de travailler jusqu’à ce que les opérateurs décident de régler le problème. Au lieu de cela, ils s’en prennent aux pauvres consommateurs. Si on demande aussi à ces derniers de ne plus utiliser les services de mobile money, la consigne sera-t-elle respectée ? Voilà le problème », a réagi à 7info Soumahoro Ben Fally, le président de la Fédération ivoirienne des consommateurs de réveil.
Nos tentatives pour joindre les opérateurs de mobile money notamment Orange, leader dans le domaine et Wave, ont été vaines. En attendant, les consommateurs subissent, mais ne comptent pas se laisser faire.