Evgueni Prigojine est mort. Le patron de Wagner faisait partie des 10 personnes que transportait un avion privé qui reliait Moscou à Saint-Pétersbourg, le mercredi 23 août 2023. Il était rentré du Mali le matin même. La disparition du chef de ce groupe paramilitaire qui intervient dans plusieurs pays africains, quelles les impacts de sa mort sur le continent noir ?
Sur le continent, les réactions sont plutôt pessimistes pour la suite des relations avec le groupe paramilitaire russe. André Silver Konan, un journaliste ivoirien, est de cet avis. Il estime que la mort Prigojine va perturber la stratégie de certains Etats africains comme le Mali qui ont misé tout misé sur l’implication des mercenaires de Wagner dans la libération de leur pays de l’emprise djihadiste.
« Il est clair que cette mort, qui n’est pas la seule parce qu’il y a aussi son bras droit qui est comme son numéro 2 de Wagner ainsi que d’autres responsables de l’entreprise, ces morts vont désorganiser le volet opérationnel et stratégique de Wagner. Évidemment, étant donné que l’entreprise avait de nombreux clients en Afrique, principalement au Mali, en Centrafrique et en Libye et dans d’autres pays où la milice lorgnait, la stratégie de libération de l’emprise terroriste va aussi prendre un coup dans ces pays », croit le journaliste ivoirien, joint par 7info.
« Cela pose un autre problème dont nous avons parlé depuis toujours. Celui que, c’est une erreur de déléguer le combat régalien de ses armées qui est le sien à des groupes de mercenaires », ajoute-t-il en haussant le ton.
Pour André Silver Konan « cette erreur » va éclater au grand jour avec la mort du patron de Wagner. Du vivant Prigojine, estime le journaliste ivoirien, le Mali n’a pas pu se libérer de l’emprise djihadiste, avec sa mort, les choses vont encore se compliquer. Les armées africaines gagneraient pleinement à jouer leur rôle dans cette guerre d’indépendance vis-à-vis du terrorisme, pense André Silver Konan.
Carol Valade, est coauteur avec Clément Di Roma du documentaire « Centrafrique : le soft power russe ». Pour lui, l’histoire du groupe paramilitaire russe Wagner est, de fait, intimement liée à la personnalité d’Evgueni Prigojine, avec la loyauté qu’il y inspirait et surtout l’hyper structure financière qu’il avait montée.
Le patron du groupe Wagner était devenu ennemi juré du Kremlin depuis sa rébellion fin juin, ce qui nourrit les spéculations sur un éventuel assassinat. Une enquête est en cours depuis ce jeudi en Russie sur l’accident d’avion qui a vraisemblablement provoqué la mort d’Evguéni Prigojine.
Dans une vidéo publiée le mardi 22 août, Evgueni Progoline disait être en Afrique sous une température caniculaire mais ne précise pas le pays. La scène tournée dans la nature laisse à penser qu’il se trouve quelque part dans la savane sahélienne.
Plusieurs sources sécuritaires et diplomatiques ont révélé à Mondafrique que le très célèbre chef des « miliciens » se trouve actuellement à Bamako. Il est arrivé dans la capitale malienne le 21 août. Les véritables raisons de ce voyage sont, elles, inconnues.
Dans son message, le chef de la milice russe affirme être en reconnaissance pour rendre la Russie plus grande et plus puissante sur tous les continents et rendre l’Afrique plus libre en retrouvant justice et bonheur. Il promet de terroriser les terroristes d’al-Qaïda et de l’Etat islamique ainsi que tous les bandits armés. Le chef de Wagner termine son speech en promettant que la tâche sera accomplie.
Quel est le message que ce spécialiste de la communication et de l’intrigue veut envoyer au monde entier ? Prigoline cherchait-il à manifester, via le Mali, sa solidarité avec le Niger ? Tentait-il de témoigner du soutien russe aux régimes militaires de la région ? Difficile de le dire.
Tristan Sahi
