Magistrat hors hiérarchie, Tia Koné, ex-président de la cour suprême de 2000 à 2011, est décédé dans la journée du mardi 9 février 2021. Dans le quartier Belleville de Man, sa ville d’origine , Zoh Tia, ami d’enfance du défunt et certains jeunes, que 7info a rencontrés, parlent de l’homme. Pour eux, Tia Koné n’est pas mort, il vit auprès d’eux.
« Mon ami? C’est peu dire. Tia Koné, c’est mon frère. Nous avons grandi ensemble. Nous étions une vingtaine de la même génération dans ce quartier et aujourd’hui la plupart de ces amis sont partis. Je ne sais par où commencer et où terminer quand je veux parler de Tia Koné », indique le vieux Tia Zoh. Et de poursuivre pour parler du parcours scolaire de l’homme:
« Il était un brillant élève au primaire. Il fut affecté à Abidjan à Marcory pour une formation en mécanique. Là-bas, il brillait dans son français. Il avait le verbe. Un de ses professeurs lui a conseillé de faire des cours de correspondance à Dakar. C’est comme ça qu’il a fait ses études pour devenir, ce grand homme de droit dont toute la Côte d’Ivoire a parlé. C’est un être cher qui nous quitte », témoigne-t-il.
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Dévasté par le décès de son ami, Zoh Tia se souvient tout de même de son habileté dans le maniement de la langue française. « Je voudrais que les gens retiennent de lui, un battant et un homme éloquent. Quand nous étions petits, dans les bagarres, on le frappait toujours car il était le plus peureux du groupe. Mais après, quand il s’agit de dire ce qui s’est passé, il nous écrasait par son verbe. On s’appelait et à chaque fois qu’il venait à Man, et c’est chez moi ici à la maison qu’on se retrouvait. Malheureusement depuis un an, je n’ai pas entendu la voix de mon ami. C’est son épouse qui m’appelait et on causait souvent, mais de manière triste », se souvient-il.
Pour Kindo Ousseny, correspondant de presse à Man, la mort de Tia Koné est une grosse perte pour la Côte d’Ivoire en général mais en particulier pour la région du Tonkpi. « C’est une perte énorme pour le pays. Tia Koné était un homme réservé. Il parlait peu. Nous avons tous en mémoire ces arrêts en 2000. Nous savons généralement que les magistrats reviennent rarement sur leurs décisions, mais Tia Koné après cet épisode a reconnu publiquement qu’il s’était trompé. Il a œuvré pour la réconciliation entre les filles et fils de la région. Il était imbu du développement. Tia Koné était un grand homme », fait savoir Kindo Ousseny.
Au quartier Belleville où se trouve la cour familiale de Tia Koné, tous sont unanimes que leur fils n’est pas mort mais qu’il se repose auprès de ses parents.
Olivier Dan, Correspond ouest
7info.ci