Du 22 au 24 janvier, à l’initiative de population reference bureau (en anglais, PRB), organisation non gouvernementale basée à Washington DC aux Etats-Unis d’Amérique, un atelier à l’intention des journalistes se tient sur la question de la mortalité infantile en Côte d’Ivoire. Objectif, mobiliser la presse et les médias pour une sensibilisation de masse.
En Côte d’Ivoire, le gouvernement a décidé de sauver la vie des mères en couche. Ainsi, un Programme national de la santé de la mère et de l’Enfant (PNSME) existe afin de réduire le taux actuel de 614 décès pour 100 000 naissances vivantes.
Un taux jugé élevé quand on sait que le gouvernement ivoirien a ratifié des accords et textes internationaux qui disposent que 15% du budget de l’Etat soit consacré à la Santé publique. Dans un pays à fort taux d’analphabétisme, sur 1000 femmes de 15 à 49 ans enquêtées, 36.9% soit 209380 femmes soutiennent avoir pratiqué l’avortement. Suivant leurs confidentes, 288252 cas d’avortement sont enregistrés par an soit 50.8%.
« L’avortement est lié au niveau d’instruction de la jeune fille. Qu’on le veuille ou non, l’avortement est dans notre société. Nos structures de santé devraient être prêtes à prendre tout le monde. Tous nos hôpitaux font l’avortement » soutient l’expert national Hyacinthe Kouakou Andoh. Pour le PMA 2020, 2738 femmes de 15 à 19 ans ont été enquêtées ainsi que 136 établissements sanitaires.
Parmi elles, « 1/5 est sous méthode contraceptive » soutient Hyacinthe Kouakou Andoh, Directeur coordinateur adjoint du Programme national de la santé de la Mère et de l’Enfant au ministère de la Santé publique et l’un des principaux investigateurs de PMA 2020. Ce programme permet, par des enquêtes nationales représentatives sur la population, de suivre des indicateurs de planification familiale, de l’eau et dans d’autres domaines de la santé.
Pour le gouvernement ivoirien, il s’agit face au fléau des décès maternels en couche ou post-accouchement, « d’améliorer la réduction du taux de mortalité en Côte d’Ivoire deux fois plus élevé qu’au Burkina Faso. »
En Côte d’Ivoire, il est enregistré « deux décès toutes les 3H » avec des causes diverses dont les hémorragies (42.17%), l’hypertension artérielle et les complications (13.06%), les ruptures utérines (6.62%), les infections du post-partum et les complications de l’avortement, les dystocies qui sont les accouchements à longue durée. L’anémie, le paludisme et le Vih-Sida sont d’autres facteurs à risque.
L’expert de cet atelier soutient que 51.3% des femmes en grossesse disparaissent après quelques visites à la maternité. Mais, l’un des aspects de la prise en charge des femmes en grossesse qui soulève le plus d’inquiétude à ce jour dans le pays, est bien la césarienne. En Côte d’Ivoire, il est enregistré 3.3% de cas de césarienne là où « par principe cette pratique médicale est gratuite dans tous les établissements publics. »
« La question de l’avortement est une question essentielle » a admis le Directeur-coordonnateur adjoint du PNSME.
Il s’agit de relever ce taux entre 10 et 15%. Les excisions sont pour 43% des causes de mortalité maternelle, les grossesses précoces et rapprochées, la forte pratique des avortements à risque. Pour le gouvernement, il s’agit d’établir le taux de prévalence contraceptive à 36% en vue de la planification familiale. Car, il est admis que dans nos pays, « il y a une faible utilisation des moyens de contraceptifs » dénonce Hyacinthe Kouakou Andoh.
Au-delà, cet atelier a ouvert au cours des échanges, des pistes de réflexion sur le business de la césarienne dans les établissements sanitaires publics ou privés, la question de l’accès à l’INFAS et la formation des agents de santé et des médecins, la corruption dans le système sanitaire ivoirien, l’équipement adéquat. Le traitement sera suivi par Pôleafrique.info.
Adam’s Régis SOUAGA
Source : rédaction Pôleafrique.info