Le coup d’Etat contre le président du Niger Mohamed Bazoum continue de faire réagir. La fille du président déchu accuse l’ancien chef d’Etat d’être le commanditaire du putsch contre son père.
« Dans une tribune, vous dites que le cerveau du putsch [du 26 juillet 2023] n’est autre que l’ancien président Mahamadou Issoufou, l’ami de toujours de votre père. Qu’est-ce qui vous fait dire ça ? »
À cette question du confrère RFI, Hinda Bazoum, la fille du président Mohamed Bazoum a répondu sans détour.
« À son comportement, tout d’abord. Il n’a jamais condamné le putsch. Pire, il s’affiche même aux côtés des putschistes. Il est allé présenter ses vœux pour l’Aïd et saluer Tiani au palais présidentiel. Quel démocrate fait ça ? », réagit-elle.
Selon la fille du président déchu, l’ancien président de son pays, Mahamadou Issoufou était l’ami de son père. À ce titre dit-elle, il se devait de lui porter assistance et soutien.
« Il n’a jamais cherché à le rencontrer ni à exiger sa libération. Il n’a jamais cherché à rentrer en contact avec nous, les enfants. Chose plus curieuse encore, lorsque la communauté internationale souhaitait exiger un retour à l’ordre constitutionnel, au lieu d’abonder dans le même sens, il a plutôt plaidé pour une courte transition, une nouvelle Constitution et de nouvelles élections, sûrement pour pouvoir revenir au pouvoir. Lui qui se voulait grand démocrate est en fait un grand dictateur », accuse Hinda Bazoum.
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Depuis le 26 juillet 2023, le Niger est dirigé par des militaires avec à leur tête le général Tiani. À l’issu d’un coup d’Etat qui a évincé le président Mohamed Bazoum, les militaires sont aux affaires.
Une page de l’histoire du Niger que la fille du président déchu impute à l’ancien chef d’Etat de ce pays. Elle tente également d’en donner les raisons.
« C’est bien lui le commanditaire du putsch. L’idée a mûri dans la tête d’une seule personne, Mahamadou Issoufou. Mon père était sûrement devenu trop gênant pour les gens de son clan. Du temps de mon père, il faut dire que la lutte contre la corruption était bien lancée. Elle avait permis l’arrestation de 40 cadres par la justice, dont les membres du parti PNDS de mon père, ce qui est inédit au Niger et qui prouve que la justice était indépendante. Il était en train de mettre fin à l’affairisme, à la gabegie au sommet de l’État. Et c’est là qu’Issoufou s’est senti en danger à travers les intérêts de ses amis et, certainement, les siens », justifie-t-elle.
« (…) il l’a trahi. Il a trahi tout un peuple, il a trahi ses amis de lutte. C’est comme un cauchemar pour nous », poursuit Hinda Bazoum.
Richard Yasseu