Que peut faire le président Mahamat Idriss Déby dans la crise du Niger. Désigné par les chefs d’Etat de la communauté économique des Etats de l’Afrique de l’ouest (CEDEAO), le Tchadien est chargé de faire une médiation avec les nouveaux dirigeants du Niger.
Les résultats de sa médiation sont attendus. Depuis le dimanche 30 juillet à Abuja au Nigéria où il a pris part de manière exceptionnelle au sommet extraordinaire de la CEDEAO, le président de la transition tchadienne, est désigné pour des discussions avec les ‘’nouvelles autorités’’ nigériennes. Mahamat Idriss Déby a déjà entamé ses échanges avec son voisin du Niger, le général Abdourahamane Tchiani. La mission à lui confiée, raisonner les militaires qui ont renversé le président Mohamed Bazoum de le rétablir dans ses fonctions. Une intervention tchadienne qui est critiquée.
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Selon Dr Eddie Guipié, un enseignant-chercheur en sciences politiques à l’université Péléforo Gon Coulibaly de Korhogo, la médiation confiée au Tchadien brouille un peu le message de fermeté et le sérieux de la CEDEAO. Il évoque deux raisons.
« La première est que pour une médiation de la CEDEAO pour une tentative de résolution de cette crise-là, il aurait été intéressant que ce soit que des Etats partis de la CEDEAO qui puissent se proposer et être validés pour la médiation. Or ici, il s’agit d’un chef d’Etat d’un pays certes voisin, mais qui ne fait pas partie de l’espace CEDEAO. Si l’intervention avait été au niveau de l’Union africaine, cela n’aurait pas posé de problème, mais ici, il s’agit de l’espace CEDAEO », analyse-t-il pour 7info qui l’a joint.
La deuxième raison, poursuit le politologue ivoirien, est que le chef de l’Etat tchadien qui est le président de la transition dans ce pays, est la personne la moins autorisée parce que lui-même a accédé au pouvoir d’Etat dans des conditions controversées.
« Il est arrivé au pouvoir par un coup d’Etat sans être inquiété. Il n’a pas à aller raisonner d’autres putschistes parce qu’ils partagent la même situation. Il devrait être concerné par tout cet arsenal, c’est-à-dire que la CEMAC, l’organisation de l’Afrique centrale, qui est son institution d’origine, devrait aussi le menacer comme c’est le cas avec le Niger. C’est une situation de deux poids deux mesures qui fragilise fortement la position de la CEDEAO, et rend sa démarche illisible. Il n’est pas à écarter que cela rende difficile l’application des mesures fortes, des mesures coercitives à mettre en place », analyse l’expert ivoirien.
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Depuis le mercredi 26 juillet 2023, des militaires de la garde présidentielle du Niger se sont révoltés contre leur chef, le président Mohamed Bazoum jusque-là retenu par eux. Ces derniers dirigés par le général Abdourahamane Tchiani, leur commandant, finalement soutenu par les autres corps de l’armée, ont pris le contrôle du pays et annoncé la mise en place d’une transition. Mais ce changement de l’ordre constitutionnel est rejeté par la CEDEAO, l’organisation sous-régionale pour qui, seul Bazoum est le président du Niger.
Pour rappel, Mahamat Idriss Déby, né le 4 avril 1984 à N’Djaména (Tchad), est un officier et homme d’État tchadien. Après la mort de son père, Idriss Déby, en avril 2021, il devient président du Conseil militaire de transition puis président de la Transition, faisant fonction de chef de l’État dans des conditions controversées.
Richard Yasseu