Le Niger opte pour un changement au niveau de sa langue nationale. Désormais, dans le pays, c’est le Haoussa, une langue locale qui remplace le français.
Au Niger, le français jusque-là langue nationale du pays n’aura plus cette place de choix. Il est remplacé par le Haoussa.
Le changement est contenu dans la Charte de la refondation. Promulguée le 26 mars 2025, ce texte n’est pas juste une réforme, c’est un tournant.
Elle est une décision radicale de rupture avec l’héritage colonial. Désormais, dans ce pays sahélien, le français ne sera plus qu’une langue de travail, au même titre que l’anglais.
Pour les autorités nigérienne ce changement est une volonté de retrouver une identité propre. Au Niger, le haoussa est parlé par plus de 26 millions de personnes.
Dans les rues, sur les marchés, au sein des familles, c’est la langue du quotidien.
Le français, lui, n’est compris que par 13 % de la population soit 3 millions de personnes sur une population estimée à 29,3 millions d’habitants.
Mais ce n’est pas tout. La Charte de la refondation qui fait office désormais nouvelle Constitution provisoire, ne se contente pas de reléguer le français.
Elle célèbre la diversité linguistique du pays en consacrant neuf autres langues comme « langues nationales du Niger ».
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Il s’agit entre autres de l’Arabe, le Buduma, le Fulfuldé, le Hauso ou encore le Kanuri viennent enrichir ce panorama, lit-on dans l’article 12 de la charte.
Depuis fin juillet 2023, le Niger est dirigé par un gouvernement issu du coup d’État qui a renversé le président Mohamed Bazoum.
Ce gouvernement que préside le général Tiani est résolument tourné vers une politique souverainiste.
En mars 2024, le pays a quitté l’Organisation internationale de la Francophonie (OIF), rejoignant ainsi le Mali et le Burkina Faso.
Ces pays avec qui il forme l’Alliance des Etats du Sahel (AES) et qui sont aussi dirigés par des régimes militaires, ont également relégué le français au rang de langue de travail.
Le Niger ne se contente pas de réformer sa langue. Il efface les traces du passé colonial.
On se rappelle, le 15 octobre 2024, le gouvernement a lancé une opération de renommage de certains sites et rues de Niamey, qui jusque-là portaient des noms occidentaux.
Le monument aux morts des deux guerres mondiales est devenu « Bubandey Batama », « À nos morts » en djerma.
L’avenue Charles de Gaulle a aussi été rebaptisée avenue Djibo Bakary, en l’honneur de cette figure emblématique de l’indépendance.
Eirena Etté