Les conférences épiscopales de l’Afrique de l’ouest brisent le silence. Dans une lettre publiée le vendredi 4 août 2023, elles exhortent les différents acteurs à la retenue et au discernement dans la gestion de la situation socio-politique qui prévaut au Niger.
Au regard de la tension sous-régionale en lien avec la situation politique au Niger, les cardinaux, les archevêques et les évêques des Conférences épiscopales réunies de l’Afrique de l’ouest ont exprimé leur préoccupation. C’est donc par devoir moral, spirituel et pastoral que cette lettre d’exhortation commune a été écrite, afin d’adresser au mieux la crise nigérienne.
« Aucun intérêt, projet individuel, national, régional, géopolitique ou confessionnel ne doit prévaloir sur la préservation de la vie, de la dignité humaine et de l’avenir des générations futures en Afrique de l’ouest et au-delà. Nous, vos pasteurs sommes convaincus, et l’histoire des peuples nous enseigne, que la violence ne résout aucun problème, même pas celui qui est à l’origine de son déclenchement. Nous affirmons et insistons auprès de la CEDEAO et de l’Union africaine, pour dire que toute intervention militaire au Niger en ce moment, compliquerait plus la situation des populations du Niger, et de la sous-région qu’elle ne leur apporte des solutions. Le terrorisme a déjà son bilan macabre de veuves, d’orphelins, de déplacés, d’affamés, de mutilés, etc. Les populations n’attendent pas que les Institutions régionales et africaines viennent alourdir ce bilan », précise la note.
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Ainsi, dans l’accomplissement de leur mission liée à la promotion de la réconciliation et de la paix, ces hommes de Dieu appellent à une vision centrale de « l’intégrité des populations », en mettant l’accent sur le respect de la dignité humaine et un sens élevé de la redevabilité devant les hommes.
Pour rappel, la Communauté économique des États d’Afrique de l’ouest (CEDEAO) avait donné sept jours à la junte au Niger pour rétablir l’ordre constitutionnel et rendre ses fonctions au président Mohamed Bazoum, sous peine d’une intervention militaire. L’ultimatum a expiré dans la nuit du dimanche 6 au lundi 7 août 2023. De plus, l’institution a achevé le vendredi 4 août, un plan d’intervention pour mettre en commun les forces des pays tels que le Nigéria, le Bénin, la Côte d’Ivoire et le Sénégal.
Un sommet des dirigeants des pays membres de la CEDEAO est annoncé le jeudi 10 août, pour décider de la conduite à tenir au Niger.
L’appel des Conférences épiscopales réunies de l’Afrique de l’ouest va-t-il trouver un écho favorable auprès de la CEDEAO ? La question reste posée.
Maria Kessé